Chronique

Oded Tzur

Isabela

Oded Tzur (ts), Nitai Hershkovits (p), Petros Klampanis (b), Johnathan Blake (dm)

Label / Distribution : ECM

Voilà bientôt une décennie que le saxophoniste ténor Oded Tzur trace son chemin semé de mélodies translucides et d’emprunts subtils et variés (musique indienne, folklore juif, musique classique aussi). Il s’est forgé un style bien à lui, lyrique et soyeux, qui sied à merveille avec l’esthétique de son nouveau label ECM. Isabela est son quatrième album à ce jour. Les deux premiers (Like A Great River et Translator’s Note sorti chez Yellowbird) ont été enregistré avec Shai Maestro et Ziv Ravitz ; les suivants (Here Be Dragons et donc Isabela) avec Nitai Hershkovits et Johnathan Blake. Seul le contrebassiste grec Petros Klampanis est resté fidèle au saxophoniste israélien.

Après l’ouverture quelque peu grandiloquente d’« Invocation », le quartet enchaîne avec deux compositions « Noam » et « The Lion Turtle » dans lesquelles le saxophoniste étale son jeu très expressif, arrondi, presque liquide dans de grandes envolées oniriques, bien secondé par les chatoyantes arabesques d’Hershkovits et la plasticité du duo Klampanis/Blake, totalement au service de leur leader. Sur « Isabela », une ballade particulièrement alanguie, le quartet avance d’abord soudé, avant qu’Oded Tzur n’abandonne peu à peu l’espace à son trio qui profite alors de l’aubaine pour installer une atmosphère étrange et mélancolique ; le saxophoniste revenant à la toute fin du morceau pour un solo incandescent tout en vibrato. Enfin, Sur « Love Song For The Rainy Season », le quartet se fait violence sous l’impulsion conjointe des tourneries de Hershkovits et des tambours de Blake, instillant un tempo soutenu sur lequel le saxophoniste s’appuie pour développer un solo vif et acéré qui démontre, si besoin était, qu’il n’est pas qu’un musicien de ballades méditatives.