Chronique

Cuong Vu

Pure

Cuong Vu (tp), Stomu Takeishi (b), John Hollenbeck (d)

Label / Distribution : Knitting Factory / Orkhêstra

Cuong Vu a six ans quand ses parents – eux-mêmes musiciens – arrivent à Seattle, capitale de l’état de Washington, en provenance du Vietnam. D’abord attiré par le saxophone, il se convertit à la trompette quand sa maman lui en offre une, à l’âge de douze ans. Puis il rencontre et suit les leçons du saxophoniste Joe Maneri au New England Conservatory de Boston. Ce dernier, on ne saurait s’en étonner, l’encourage à chercher sa propre voie. Attiré par des compositeurs aussi différents que Beethoven, Schoenberg, Lutoslawski ou Ligeti, influencé aussi par Miles Davis, Cuong Vu réside actuellement à New York, où il est très demandé comme sideman, et où il dirige ses propres formations, « Scratcher » avec Holly Palmer, « Jackhouse » et le « Vu-Tet » qui comprend entre autres Jim Black et Chris Speed, deux autres musiciens originaires de Seattle. On l’a entendu au disque et au concert aux côtés de Dave Douglas, Gerry Hemingway, Mark Helias, Bobby Previte, Myra Melford, Andy Laster, et de nombreux autres instrumentistes très « en vue » de la scène new yorkaise.

Son précédent et premier album, Bound, combinait certains traits empruntés au bop avec des manières avant-gardistes teintées d’électronique. On retrouve ici un peu le même esprit, qui évoque parfois le Miles Davis de Bitches Brew, dans une ambiance assez profondément urbaine, « noisy », marquée par le sens du crescendo et du drame, que viennent souligner la batterie métallique de John Hollenbeck et la basse grondante de Stomu Takeishi. Une musique à la fois sombre et onirique, qui peut évoquer un certain Jac Berrocal, musicien et trompettiste dont il faut encore et toujours souligner l’intérêt et l’importance, au-delà des effets médiatiques de sa rencontre avec Yvette Horner et la Campagnie.