Chronique

DoomCannon

Renaissance

DoomCannon (p, synth, voc, lead ), Kaidi Akinnibi (ts, ss, fl), Elias Jordan Atkinson (fgh), Daniel Rogerson (g), Oscar Ogden (dm), Emmanuel Ayeni (arr, voc), Marsha Skinns (vl), Saskia Horton (vl), Natalia Senior-Brown (vl alto), Wayne Uquart (cello), Thea Sayer (cb), Jordan Mackampa (voc)

Label / Distribution : Brownswood Recordings

Le mouvement Black Lives Matter ne connaît pas de frontières et inspire de nombreux artistes dont le jeune pianiste et compositeur britannique Dominic Canning qui sort cet album sous son nom de scène, DoomCannon. Il s’agit d’un premier opus pour cet artiste qui engendre, avec cette suite de neuf morceaux, tout sauf de la monotonie.

Renaissance est le titre de ce disque très attachant et dénué de toute facilité ; les influences y sont nombreuses : rhythm’n’blues, hip-hop, soul et bien sûr jazz, mais plutôt des univers du jazz. Il y a des réminiscences hard-bop mais aussi beaucoup d’influence d’un jazz-rock au croisement des Headhunters première version et du Mahavishnu Orchestra lorsqu’il lorgnait vers la musique symphonique. Eh oui, il y a des cordes dans ce disque et elles n’envahissent pas les métriques et les mises en place ; elles se contentent de souligner les compositions avec finesse. Cela permet de laisser un espace revigorant pour les musiciens qui ont tous malgré leur jeune âge une expérience enviable. Le guitariste Daniel Rogerson est particulièrement mis en valeur et n’en est pas à son coup d’essai : il suffit de l’entendre sous son nom dans son disque « White Spirit » pour apprécier son originalité. Il offre une couleur essentielle tout au long de l’enregistrement et son solo dans « Uncovering Truth » parle de lui-même. Kaidi Akinnibi est très demandé sur la scène londonienne et il excelle aux saxophones également dans « Uncovering Truth ». Mais rien ne permettrait l’osmose entre tous ces courants musicaux s’il n’y avait pas un batteur aussi versatile qu’Oscar Ogden qui a quitté Manchester pour s’enivrer de musiques à Londres aux côtés de Charlie Stacey, Connor Albert et désormais DoumCannon. Son jeu stylistique plutôt binaire est renforcé par des relances toujours à propos et par une frappe sèche. Quant au leader DoomCannon, il se partage entre les claviers, le Fender Rhodes et la voix avec une aisance délectable. L’étendue de ses capacités au synthétiseur fait mouche sur « Amalgamation ». Ce musicien étonnant, fort de sa sagesse qui l’amena à diriger une résidence bimensuelle à l’historique Club Ronnie Scotts, n’en oublie pas son précepte : l’union de la communauté noire avec la noblesse de « trouver l’humanité dans l’autre ».

Disque où le groove est omniprésent, Renaissance impose de fait un jeune musicien déterminé qui, après avoir étudié la flûte, les percussions et par la suite le piano classique, nous démontre qu’il est un compositeur avec lequel il va falloir compter.