Femi Kuti
Africa for Africa
Femi Anikulapo-Kuti (voc, org, saxes), Opeyemi Awomolo (g), Tiwalade Ogunlowo (tb), Olusola Alobalorun (tp), Dotun Bankole (ts), Daniel Bankole (bs), Adebowale Oloko-Obi (dm), Onome Kate-Udi (voc), Bose Ajila (voc), Anthonia Bernards (voc), Oluwaseun Ajayi (p), Akin Akinboro (perc), Adekunle Osunniran (perc, sekere)
Label / Distribution : Label Maison
Le cas Femi Kuti a toujours été délicat. Sa musique, pas forcément mauvaise, ne soutenait pas longtemps la comparaison avec celle de son illustre père. Les ressemblances abondaient un peu trop, dans une version édulcorée, affadie par des inclusions timides d’éléments hip hop et électro. Bref, Femi Kuti était un héritier, à la production qui plus est assez maigre : sa musique peinait à présenter un réel intérêt. Quand a débarqué son frère Seun et son excellent Many Things (2008), un disque tout en nervosité et plein à craquer d’une hargne euphorisante, on a été tenté de ranger Femi aux oubliettes. Many Things proposait une lecture critique et véritablement actuelle de l’afro beat, quand Femi peinait simplement à marcher sur les traces du père. Et ce, malgré un Day By Day correct (en 2008 aussi) mais qui ne changeait pas grand-chose à une affaire qui semblait, au fond, classée depuis longtemps.
Africa for Africa, nouvelle livraison du chanteur, fils aîné de Fela Kuti, fait figure de nouveau départ. Femi y revient aux fondamentaux : un esprit nourri de soul et de funk, du groove, des batteries pléthoriques, des orgues vintage, des percussions à n’en plus finir, une basse omniprésente, une section de cuivres agressive. La musique y gagne du même coup en brutalité ; plus directe, elle se rapproche de l’esprit (mais pas de la lettre) de celle de Seun - et tant mieux : cela laisse à penser qu’elle mûrit et que notre homme est peut-être près de trouver sa voix personnelle dans ce genre parfois un peu exigu qu’est l’afro beat.
Au milieu des virulentes antiennes politiques (« Politics in Africa », « Bad Government »), on trouvera ici des titres plus dépouillés qui vont à l’essentiel, tels « Obasanjo Don Play You Wayo » ou « Yeparipa ». Femi semble s’y dégager de l’ombre des géants qui l’ont précédé, et sa musique atteint à une énergie sans afféterie, dotée d’une vraie portée émotionnelle. Tous les espoirs sont donc permis !