Chronique

Uri Caine Ensemble

The Othello Syndrome

Ralph Alessi (tp), Stefano Bassanese (electronics), Sadiq Bey (voc), Jim Black (dm), Uri Caine (p, elp), Zach Danziger (dm), Joyce Hamman (vln), John Herbet (b), NGuyên Lê (g), Tim Lefebvre (b), Josefine Lindstrand (voc), Marco Paolini (voc), Julie Patton (voc), Bunny Sigler (voc), Bruno Fabrizio Sorba (electronics), Chris Speed (cl), Achille Succi (cl), Dhafer Youssef (voc)

Label / Distribution : Winter & Winter/Harmonia Mundi

Après des incursions remarquées dans le répertoire classique Uri Caine poursuit ses explorations en s’attaquant cette fois à Verdi pour une relecture d’Otello en s’appuyant sur un grand ensemble, autant jazz que symphonique par la mutiplicité et l’organisation des instruments. L’intention est claire : ça ne sonnera pas comme un big band, mais bien comme un orchestre symphonique.

On a beau apprécier Uri Caine, tant comme sideman que comme leader, ici il peine à convaincre. Certes, le matériau de base a de quoi susciter la plus belle récriture et ses talents d’arrangeur, de compositeur et d’instrumentiste ne seront pas remis en cause, pas plus que les qualités de ses musiciens - la fine fleur du jazz américain : par moments, Chris Speed, Jim Black et les autres font des merveilles ; mais rien que de très ordinaire pour des artistes de cette trempe. Le tout se révèle trop copieux, brouillon, mal ordonné, comme si Verdi débordait les ambitions du pianiste, qui finit par s’emmêler dans l’arrangement de sorte qu’à la fin, la belle légèreté de l’original se mue en une suite de pièces orchestrales un rien pataudes, échevelées et baroques, mais qui manquent d’intensité.

On saluera tout de même la diversité des styles qui donnent vie à l’ensemble et dont Uri Caine situe l’origine dans la foule de musiques qui se croisent à New York : improvisations jazz, passages rock ou rock progressif, citations classiques et accents rythm’n’blues de certaines parties vocales. Pour rendre hommage à Verdi, lui et ses complices ont manifestement choisi l’ouverture « grand angle » : intégrer le plus de formes musicales possibles. C’est l’horizon mais aussi la limite d’un tel projet qui, ayant les yeux plus gros que le ventre, peine à décoller. Réussite ou échec en demi-teinte, selon qu’on voit les verres à moitié vides ou à moitié pleins. En tous cas, on est loin de la belle légèreté dont Caine est capable lorsqu’il s’empare, avec autrement de brio, de Mozart, Bach ou Malher.