Chronique

François Jeanneau

Quand se taisent les oiseaux

François Jeanneau (ss), Emil Spanyi (p, kbd), Sébastien Boisseau (b), Guillaume Juramie (el b), Joe Quitzke (d, perc) et Ablaye Cissoko (kora, vcl).

Label / Distribution : Bee Jazz

Quand se taisent les oiseaux, François Jeanneau donne la parole à son soprano. Trois ans après Flench Wok, le saxophoniste est de retour sur disque.

Saluons au passage le label d’Abeille Musique, Bee Jazz, qui, au fil des enregistrements, gagne son pari de créer une ligne éditoriale cohérente autour d’une avant-garde française ouverte sur le monde, et d’une identité visuelle personnelle avec les pochettes de Farid Daoud et des livrets élégants.

Depuis quelques années, Jeanneau se consacre au département Jazz du CNSM, à l’Orchestre de Jazz Europe-Afrique et au sound-painting. Ces activités pédagogiques et musicales ne l’ont pas pour autant éloigné de la scène jazz : au début du siècle (eh oui !) il a formé un quartet avec lequel il tourne beaucoup, de l’Espagne au Kazakhstan… Cette formation comprend des musiciens rencontrés au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris : Emil Spanyi tient les claviers, Joe Quitzke est derrière les fûts et Sébastien Boisseau s’occupe de la « grand-mère » ou Guillaume Juramie de la basse. Inutile d’ajouter quoi que ce soit sur ces musiciens, tous plus connus les uns que les autres et incontournables sur la scène du jazz contemporain. Pour trois morceaux, Fr. Jeanneau a invité un musicien rencontré au Sénégal : le joueur de kora et chanteur Ablaye Cissoko.

Sept des dix morceaux sont signés Jeanneau, « Rumeurs » est co-écrit avec Sylvia Versini et Cissoko propose deux thèmes de son cru.

Première caractéristique de cet opus, la musique est dense, si bien que le quartet sonne souvent comme un petit orchestre. Deuxièmement, le combo puise son inspiration dans la tradition du jazz, le free et les origines africaines (la kora et le chant de Cissoko accentuent encore cette influence). Troisième particularité, l’écriture de Jeanneau joue avec les contrastes : crépitements de la kora et grondements de l’orchestre, solos de percussions et mélodies, contrepoints et unissons, douce sinuosité des phrases du soprano et rythmique binaire puissante, sonorités acoustiques du trio et bidouillages bruitistes du clavier, thèmes souvent assez simples et développements plutôt complexes… Autant de traits qui apportent variété et relief de la première à la dernière plage.

Coup de chapeau pour cet album chatoyant et réjouissant.

  1. « Alerte 3 », François Jeanneau (7’02)
  2. « Rumeurs », François Jeanneau & Sylvia Versini (3’18)
  3. « Quand se taisent les oiseaux », François Jeanneau (6’51)
  4. « Ninki (Le dragon) », Ablaye Cissoko (5’48)
  5. « L’envol d’Eole », François Jeanneau (5’02)
  6. « L’œil du cyclone », François Jeanneau (3’37)
  7. « Au dehors, les éléments… », François Jeanneau (6’28)
  8. « Tourmentes », François Jeanneau (3’32)
  9. « Tara (Renaissance) », Ablaye Cissoko (6’43)
  10. « L’embellie », François Jeanneau (8’14)