Chronique

Fred Nardin Trio

Look Ahead

Fred Nardin (p), Or Bareket (b), Leon Parker (dm).

Label / Distribution : Naive

Fred Nardin reconduit pour Look Ahead la même équipe que sur son disque précédent, Opening. Nardin, musicien trentenaire qu’on connaît par ailleurs comme l’un des quatre directeurs artistiques de The Amazing Keystone Big Band, cette grande formation qui fait salle comble partout où elle se produit.

Parmi ses maîtres à jouer, on trouvera entre autres McCoy Tyner, Mulgrew Miller ou Kenny Barron. Autant dire que la présence de Leon Parker à la batterie, qu’il côtoie depuis dix ans, est une clé pour lui : « Leon a joué avec Mulgrew Miller et Kenny Barron (…) L’avoir dans son trio, c’est génial mais il faut être présent, lui donner du répondant, sinon tu te fais bousculer. Leon est très exigeant, très charismatique, il m’a énormément appris ». On saluera l’humilité des propos du pianiste et surtout, on devine le niveau du défi à relever pour lui. Pourtant, quel étonnement de constater que Fred Nardin paraît porter en lui l’histoire du jazz, malgré son jeune âge. Bien sûr, sa musique n’a rien d’avant-gardiste, mais faut-il vraiment qu’elle le soit ? Il s’agit avant tout de creuser encore et encore un sillon d’une grande fertilité ; une mission que Nardin accomplit d’autant mieux que sa musique est habitée d’une intensité peu commune, entre ballades émouvantes et thèmes fulgurants. Elle est traversée de très belles mélodies (« In The Skies » par exemple). Le pianiste s’avère un compositeur de possibles standards (« Memory of T ») et l’interaction entre les trois musiciens sonne comme un rappel de ce qu’est le jazz. « On aime quand ça swingue. Que ça swingue vraiment bien, que ça ne rigole pas ! »

Mission accomplie, cœur battant, avec la complicité lyrique de la contrebasse d’Or Bareket et la stimulation chatoyante de Leon Parker. Avec de tels partenaires, Fred Nardin rayonne et semble sur un petit nuage et ce n’est là, sans doute, que le début de l’histoire. « Émulation, fraîcheur et urgence », peut-on lire au sujet de ce disque enregistré en deux jours. Avec un seul mot d’ordre : « Look Ahead », ce qu’on traduira par « Regarde devant ».