Chronique

Frédéric Couderc

Kirkophonie

Label / Distribution : Cristal Records

L’héritage de Rahsaan Roland Kirk a tendance à tétaniser les musiciens. Soit que l’on considère avant tout son côté histrionique, comme s’il rendait suspect le musicien, soit qu’on retienne la personnalité torrentielle du compositeur et de l’instrumentiste, on dirait que Rahsaan fait peur, tant sont rares sont les hommages revendiqués à l’auteur d’opus aussi déterminants que The Inflated Tear ou Rip, Rig and Panic, pour ne citer que ceux-là.

Avec le titre de l’album, Kirkophonie, qui répond implicitement aux contempteurs du grand frère du free jazz, le saxophoniste Frédéric Couderc accepte sans inventaire sa part de la succession. Le son dense et parfois minéral des saxophones, saxello et autres coudophone (une invention à lui, un sax ténor droit en Ut), le jeu simultané de deux ou trois sax, l’usage de la « siren » comme élément de surprise et signe d’identité, établissent l’acte de filiation. Même si la veine « jazz classique » de Kirk semble plus irriguer l’album que ses explorations du monde free, pop ou contemporain.

Un « exercice d’admiration » assumé, où saillent plus particulièrement les quatre plages enregistrées en public au Duc des Lombards : « Black and Tan Fantasy », « Black Diamonds », « Roland’s Theme » et « The Inflated Tear ».