Chronique

Grand Ensemble Koa

Koa Roi

Alfred Vilayleck (direction, elb), Sylvain Artignan (cl), Armel Courrée (as), Jérôme Dufour (ts), Pascal Bouvier (tb), Samuel Mastorakis (vib), Daniel Moreau (p, Fender Rhodes), Yoan Fernandez et Matia Levrero (g), Guylain Domas (elb), Julien Grégoire (dms).

Label / Distribution : Autoproduction

Le Grand Ensemble Koa est une des formations les plus importantes du collectif Koa, né à Perpignan et installé à Montpellier, dont le bassiste, Alfred Vilayleck, est la cheville ouvrière, l’animateur intense et passionné. Ici, il est également compositeur : les sept titres intelligents de ce Koa Roi sont de sa plume.

Les influences sont nombreuses : Bitches Brew, Weather Report, Mingus, Gil Evans, Willem Breuker lui aussi « Kollektief », un zeste d’Art Ensemble et quelques autres que chacun trouvera ou inventera selon sa façon d’écouter ; elles sont à la fois ce qui porte la musique et ce qui trace sa limite. L’enthousiasme collectif, présent de la première à la dernière mesure, ne saurait constituer à lui seul une œuvre pleine et entière.

Ce qui réjouit pleinement ici, c’est l’énergie mais aussi — et le collectif Koa n’y est pas pour rien — la solidarité, nettement perceptible. Les musiciens sont comme de vieux routiers qui auraient bourlingué ensemble pendant des lustres : ils s’entendent (dans tous les sens du verbe) comme larrons en foire. Parmi cette excellente bande de copains dont beaucoup ont grandi au Conservatoire de Perpignan, des talents évidents : Sylvain Artignan à la clarinette, Armel Courrée et Jérôme Duffour aux saxophones, et le prolixe Julien Grégoire à la batterie — mais chacun fait montre d’un excellent niveau technique.

Remarquable, ce mélange de jeunesse et de maturité musicale. Avec Koa Roi, les onze musiciens de la troupe d’Alfred Vilayleck ouvrent la porte d’un bel avenir. Car, même s’il leur reste à s’affirmer, à trouver une voie qui soit la leur, c’est avec des musiciens de cette trempe que se bâtit l’avenir du jazz. L’objectif est clairement tracé.