Chronique

Yoann Loustalot

Primavera

Yoann Loustalot (bugle), Maxime Fougères (g), Yoni Zelnik (b), Guillaume Nouaux (dm).

Label / Distribution : Elabeth

Primavera est le premier album du Bordelais Yoann Loustalot. A l’instar de Fabien Mary, Loustalot fait partie de cette génération de trompettistes qui tracent leur voie à partir du bop. Mais tandis que le premier s’inscrit plutôt dans la lignée « hard », le second, lui, penche peut-être davantage vers le « be ». Impression sans doute renforcée par le bugle, l’instrument choisi pour ce disque.

Autre point commun avec Chess, le dernier album de Mary, dans Primavera, Loustalot est à la tête d’un quartet sans piano. La partie harmonique est confiée à la guitare de Maxime Fougères, qu’on a pu entendre entre autres avec Samy Thiébault. Décidément très demandé, Yoni Zelnik tient la contrebasse, comme il l’a fait récemment aux côtés de Wajdi Cherif, Sébastien Paindestre, Sophie Alour, Gaël Horellou, Benjamin Moussay… Derrière les fûts, Guillaume Nouaux, jeune batteur venu également du Sud-Ouest, et connu sur la scène blues où il a accompagné Chuck Berry et monté un duo avec Julien Brunetaud (piano et vocal). Entouré d’une équipe aussi solide, Loustalot peut se lancer dans sa musique…

Car il s’agit bien de sa musique : six des neufs thèmes sont de sa plume. « Zabeil » est co-signé avec Zelnik et « Primavera » avec Monsieur Gadou, qui est également l’auteur d’« Eva ». En compositeur inspiré, Loustalot écrit de jolies mélodies dans le style des standards - comme le très beau « Primavera » en AA’BA - et sur des tempos variés : le dynamique « Escaminor », le mélancolique « Atoxar », le mystérieux « Extern Sound »… Le « bugliste » propose un be-bop personnel, à l’image de « Krapnel » qui s’ouvre sur des lamentations, avant de partir dans un style bop vif.

Loustalot possède une sonorité soyeuse sans vibrato, un phrasé aéré et joue avec décontraction, sans jamais céder à la mollesse. Dans les notes de pochette Philippe Méziat le situe quelque part entre Art Farmer, Chet Baker et Tom Harrell. Bien construits, les solos de Fougères respirent le swing et ses accompagnements en contrepoint, en accords ou en en arpèges soulignent efficacement les lignes de trompette. La section rythmique a essentiellement un rôle de pulsation - rôle que Solnik et Nouaux remplissent avec beaucoup d’à-propos. Le contrebassiste soutient la plupart du temps les solistes en walking et le batteur fait preuve de variété et de légèreté.

Primavera enchantera les amateurs de style « straight » : Loustalot et son quartet jouent une musique enracinée dans la tradition, mais empreinte d’un cachet personnel.

par Bob Hatteau // Publié le 8 janvier 2007
P.-S. :
  • « Krapnel » Yoann Loustalot (5’20)
  • « Primavera » Yoann Loustalot & Monsieur Gadou (4’56)
  • « Ataxar » Yoann Loustalot (4’22)
  • « Masque » Yoann Loustalot (5’32)
  • « Extern sound » Yoann Loustalot (5’53)
  • « Escaminor » Yoann Loustalot (4’43)
  • « Eva » Monsieur Gadou (5’06)
  • « Zabeil » Yoann Loustalot & Yoni Zelnik (5’11)
  • « Monsieur Alice » Yoann Loustalot (4’40)