Chronique

Paolo Fresu, Richard Galliano, Jan Lundgren

Mare Nostrum

Paolo Fresu (tp, cnt), Richard Galliano (acc, bandonéon) et Jan Lundgren (p).

Label / Distribution : ACT

Comme l’écrit René Hess dans les notes de pochette : « L’association de grands noms, rassemblés au hasard, aboutit rarement au résultat artistique escompté ». C’est le risque que courait Mare Nostrum puisque cet album met en présence Paolo Fresu, Richard Galliano et Jan Lundgren, trois stars du jazz.

Mais cette association n’est pas tout à fait le fruit du hasard : Lundgren et Galliano ont joué ensemble au Japon et se sont trouvé des affinités musicales. Par ailleurs Lundgren a rencontré Fresu via le batteur Morten Lund et, là encore, leurs vues musicales ont convergé. Autre élément qui met du piquant à cette réunion : la combinaison pour le moins inhabituelle d’une trompette (ou d’un cornet), d’un accordéon (ou d’un bandonéon) et d’un piano.

Si Fresu et Galliano sont proches de la Méditerranée, en revanche Lundgren est plutôt familier de la Baltique ! Qu’à cela ne tienne, à notre époque de mondialisation, la Mare Nostrum peut bien remonter vers le nord le temps d’un disque. D’autant plus que ces trois musiciens partagent un goût commun pour les belles mélodies. Le répertoire de Mare Nostrum va d’ailleurs dans ce sens : les thèmes, courts, simples et pris sur des tempos lents ou medium, permettent au trio d’exprimer à loisir leur lyrisme. Fresu, Galliano et Lundgren apportent onze morceaux auxquels s’ajoutent une composition d’Antonio Carlos Jobim et Vinícius De Moraes, « Que reste-t-il de nos amours ? », « Ma Mère L’Oye » et un thème suédois traditionnel.

Pas de tempête de notes ici, mais bien cette Méditerranée qui miroite tranquillement sous le soleil estival. Pendant que Fresu et Galliano déroulent leurs chants sinueux et séduisants ou échangent quelques couplets gracieux, les phrases de Lundgren, souvent minimalistes, s’immiscent délicatement dans leurs propos.

L’élégance paisible de la peinture abstraite de Rupprecht Geiger utilisée pour la pochette sied à merveille à Mare Nostrum, un album qui ravira tout amateur de musique mélodieuse, exécutée avec un savoir-faire évident et qui lui évite de sombrer dans la banalité.

  1. « Mare Nostrum », Lundgren (5:55)
  2. « Principesa », Galliano (4:35)
  3. « Eu Nao Existo Sem Voce », Jobim & De Moraes (2:58)
  4. « The Seagull », Lundgren (3:18)
  5. « Que reste-t-il de nos amours ? », Charles Trénet (4:32)
  6. « Years Ahead », Lundgren (5:05)
  7. « Sonia’s Nightmare », Fresu (4:04)
  8. « Chat Pitre », Galliano (3:00)
  9. « Valzer del Ritorno », Fresu (4:24)
  10. « Open You Mind », Lundgren (4:05)
  11. « Liberty Waltz », Galliano (4:10)
  12. « Mio Mehmet, forse il detino m’impedirà di rivederti », Fresu d’après un poème de Nazim Hikmet (4:29)
  13. « Ma Mère L’Oye », Maurice Ravel, arrangement de Galliano (4:28)
  14. « Para Joboim », Galliano (3:57)
  15. « Vårvindar Friska », traditionnel, arrangement de Lundgren (3:11)