Chronique

Honeyjungle trio

II

Jérémy Magand (cb), Camille Mouton (p), Francis Decroix (d), Rémy Jacquet (ts), Matthieu Notargiacomo (ss), Vincent Périer (cl et ts), Lionel Dessus (pandéro)

Label / Distribution : Autoproduction

Très simplement intitulé II, le second album du trio stéphanois Honeyjungle est un clin d’œil à Money Jungle de Duke Ellington. Mais au centre de ce groupe créé par Jérémy Magand, c’est une esthétique directement issue d’E.S.T. qu’on trouve. Le noyau, car il y a bon nombre d’invités, est composé de Camille Mouton, leader de No Logic, ainsi que de Francis Decroix, batteur du monkien Trinkle sextet et de Djacque le Notaire, une formation de rue débridée et complètement fantasque.

Le disque est agréable. Il n’est pas inoubliable non plus. Six des dix morceaux sont joués en trio et, d’un bout à l’autre, la référence à E.S.T. est évidente. Mais le résultat manque d’épaisseur. « J’ai froid », qui débute l’album, n’est pas déplaisant, le chorus de Camille Mouton y est même plutôt embarquant. Dans « Valse pour mes p’tites femmes », les presque 8 minutes sont bien vues puisqu’on a tout loisir d’entrer dedans. Mais ces morceaux ont du mal à convaincre pleinement. Il leur manque ces éléments qui en feraient une pièce jubilatoire. Très vraisemblablement parce qu’il est acrobatique d’être si proche d’E.S.T. Nécessairement, la comparaison s’interpose.

On croise, outre le trio, quatre invités. Lionel Dessus intervient au pandero sur « Bar – Bari » en même temps que Vincent Périer à la clarinette dont le jeu donne une touche manouche. Mais ici aussi, on reste sur notre faim. « Au quart de tour » n’est guère plus convaincant, même si le jeu de Rémy Jacquet au ténor apporte un plus. « Ethnologic » et « Like a tree » sont plus séduisants. Le trio a su régler de manière pertinente les interventions de Vincent Périer et Matthieu Notargiacomo, respectivement au ténor et au soprano. Et en effet, leurs jeux s’accordent mieux à cette esthétique. Peut-être parce qu’ils arrivent à s’en échapper pour proposer quelque chose de plus personnel. En tout cas, ces morceaux décollent et on regrette que tout l’album ne soit pas de cet acabit.