Chronique

Daniel Erdmann & Christophe Marguet

Pronto !

Daniel Erdmann (ts), Christophe Marguet (d), Hélène Labarrière (cb), Bruno Angelini (p)

Label / Distribution : Mélodie en Sous-Sol

Pronto ! s’écrit avec un point d’exclamation. Pourtant on n’associera pas spontanément la musique que proposent Daniel Erdmann et Christophe Marguet avec ce genre de ponctuation. Il n’y a pas de colère, pas de discours tranchant ou de posture belliqueuse. Les huit morceaux qui constituent cet album sont à mettre sous le signe de la poésie. De celle qui avance discrètement, sans aucun tape-à-l’œil ou chichi, et qui se glisse dans les interstices d’un monde où la gloriole le dispute souvent au spectaculaire. Christophe Marguet avait commis, il y a bon nombre d’années, un trio puis un quartet « Résistance poétique ». Il s’agissait alors d’une résistance musicale face aux esthétiques qui se compromettent. Le vocable pourrait qualifier ce nouvel album, tant la poésie apparaît comme programmatique de ce Pronto !.

Chacune des pistes est très belle. Difficile donc de dire « écoutez celle-ci ou celle-là ». Toutes sont envoûtantes. Il y a en effet quelque chose qui relève de la magnificence, du transport. De ce point de vue, on pourrait convoquer Coltrane ou encore Charles Lloyd. Car, comme chez ces illustres prédécesseurs, la réunion des quatre musiciens – Hélène Labarrière et Bruno Angelini complètent le quartet – dans le son et les mélodies transparaît ici depuis les premiers roulements percussifs qui ouvrent « Numéro 1 » jusqu’aux derniers riffs à l’unisson de « DE Phone Home ».

Pronto ! est un superbe disque, de ceux qu’on aime voir figurer dans sa discothèque au milieu des grands autres musiciens qui peuplent le panthéon des mélomanes. Si vous insistez pour qu’on vous guide dans l’écoute de ce disque, disons tout net qu’il faut commencer par la première piste et se laisser porter jusqu’à la dernière. C’est superbe d’un bout à l’autre et c’est peut-être dans ce constat qu’il faut chercher la seule exclamation qui vaille.