Chronique

Isabelle Georges/René Urtreger

Something to Live For

Isabelle Georges (voc), René Urtreger (p).

Label / Distribution : Elabeth

Tout de blanc vêtus sur fond rouge, comme un clin d’œil à une série télévisée, la chanteuse et le pianiste partent à l’aventure des standards.

Isabelle Georges s’est fait un nom dans la comédie musicale : Le passe-muraille, Chantons sous la pluie, deux gros succès couronnés par des Molière, etc. Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’elle ait eu envie de s’attaquer au répertoire du music-hall des années 30-40.

Quant à René Urtreger, inutile de s’appesantir sur son parcours, qui l’a amené à jouer avec Dexter Gordon ou Chet Baker, à former HUM, célèbre trio avec Daniel Humair et Pierre Michelot ou, plus récemment, à enregistrer en solo l’excellent Onirica. Sans oublier qu’à côté de son activité de jazzman, le pianiste a également prêté son concours à des chanteurs de variété tels que Claude François, par exemple. Tout au long des seize plages de Something To Live For, Urtreger confirme qu’il est un accompagnateur de luxe.

De « In A Sentimental Mood » à « Love For Sale », en faisant un crochet par « My Funny Valentine » ou « I Won’t Dance », le duo reprend des saucissons de Duke Ellington, Gershwin, Kern & Hammerstein, Rogers & Hart, Cole Porter, Irving Berlin etc.

A l’instar de Judy Garland, à qui elle a d’ailleurs dédié le spectacle Une étoile et moi, Isabelle Georges a une voix légère et quasi exempte de vibrato. Sa belle sonorité dans le registre medium sied bien aux morceaux intimistes et plutôt lents (« My Funny Valentine » ou « Love For Sale »). Evidemment, l’auditeur accoutumé au coffre d’une Sarah Vaughan ou d’une Ella Fitzgerald, peut trouver que certaines interprétations manquent un peu de relief (« I Won’t Dance » ou les bidou-bidou de « Do Nothing Till You Hear From Me »), mais ce n’est pas le but du duo, qui semble avoir davantage recherché une interprétation « straight », a mi-chemin entre le cabaret et le club.

L’esprit club, justement, est garanti par un Urtreger qui swingue comme un fou ! Il suffit d’écouter « The Best Thing For You Is Me », joué en solo, pour s’en convaincre. L’intelligence de son soutien rythmique et harmonique porte littéralement le chant d’Isabelle Georges (« They Can’t Take That Away From Me »). Le pianiste connaît sa cuisine musicale sur le bout des doigts et place les bonnes épices là où il faut (« Love For Sale »).

A l’image de l’amusant « How About You » chanté à deux et qui conclut l’album, Something To Live For est un disque plein de bonne humeur joué par deux musiciens qui font visiblement « de la musique pour l’amour de la musique » [1].

par Bob Hatteau // Publié le 31 juillet 2006

[1Jazz Hot - N° spécial 2003 - p. 24 - Entretien de René Urtreger avec Serge Baudot