Entretien

Jean Aussanaire

Entretien avec le saxophoniste au sujet de son parcours aux côtés de l’ARFI.

L’ARFI (Association pour la Recherche d’un Folklore Imaginaire) présente Arfolia Libra. Cette dernière création avec l’ensemble Aperto Libro et un quartet de l’Arfi est un clin d’œil aux musiques improvisées et aux musiques de la Renaissance sur le thème de La Folia. Ainsi, au milieu des saxophones, clarinettes et autres flûtes à bec, les traitements sonores et cornemuses, bombardes et tambours font leur apparition. Coproduit par l’ARFI et le Centre Culturel de Rencontre d’Ambronay, ce répertoire ouvre à ses interprètes un champ de réinventions diverses, fertiles et créatives. Au milieu des soufflants (Jean-Paul Autin – Jean Aussanaire – Clément Gibert – A. Ramage – L. Perret – M. Bertaud – T. Simas Freire), le laptop et le sampler (Xavier Garcia) prennent une place manifestement contemporaine. Entretien avec le saxophoniste Jean Aussanaire au sujet de ce spectacle, et de son parcours aux côtés de l’ARFI.

- Cette création / rencontre / bande a été créée en 2013 ; Comment s’intègre-t-elle à votre collaboration avec l’ARFI, qui, pour rappel, a démarré dès 2003 avec le Workshop de Lyon ?

Quand Maurice Merle est mort, Jean-Luc Cappozzo m’a proposé d’intégrer le Workshop de Lyon. Même si j’en mourais d’envie, j’ai demandé un jour de réflexion. Au départ, les gars du Workshop ne se sentaient pas de continuer, je les ai tannés ; maintenant, ça continue et c’est super. Au regard des expériences respectives de Paulo (Jean Paul Autin) ou Jean Bolcato, je suis stagiaire. En 2017, le Workshop paye sa tournée ! Il fêtera ses 50 ans et, avec les musiciens qui ont collaboré, comme Louis Sclavis ou Jean Berut et d’autres, on pourra proposer différentes formations en s’invitant les uns et les autres.

Avant de rentrer dans l’ARFI, j’avais de l’admiration pour leur travail. J’étais engagé dans l’associatif et les collectifs à Tours, on se croisait dans des festivals, j’avais assisté à des réunions et je trouvais ça super. Après 3-4 ans de collaboration au Workshop, je me suis engagé dans la Marmite Infernale. Suite à cette proposition, j’ai participé à une réunion par mois, où dans notre engagement, on décide des directions que l’on prend vis-à-vis de la DRAC et du collectif, comment on peut s’inscrire dans la durée et quel groupe va enregistrer dans l’année.

Jean Aussanaire © Franpi Barriaux

- L’aspect improvisé, expérimental jalonne votre parcours.
Créé en octobre 2013, ce projet s’inspire de la musique écrite de la Renaissance. Comment avez-vous travaillé l’intemporalité de l’œuvre ?

C’est un appel à projet du festival d’Ambronay, qui souhaitait faire le lien entre des musiciens renaissants et improvisés. Après concertation à l’ARFI, les musiciens du quartet actuel ont été retenus et le festival a proposé le quatuor. Ainsi, on s’est rencontrés avec nos instruments, ils nous ont montré leurs sons ; nous aussi, individuellement. Puis, on s’est décidé à travailler sur le thème La Folia. Il y a eu beaucoup d’écriture, il y a quelques chorus ; par moment, j’aime bien être rigoureux sur le son, ça amène de la diversité.

- On retrouve, dans le quartet qui joue avec l’ensemble Aperto Libro, des fidèles de l’ARFI. Préalablement à la création, comment avez-vous procédé pour échanger autour des musiques contemporaines et des musiques anciennes ?

On a chacun écrit des trucs. Aperto Libro a fonctionné en classique autour des variations ; nous, on s’est saisis de la mélodie, la base. Chacun de nous s’est livré à ses trucs, le répertoire est ainsi devenu homogène. C’est ce qui arrive souvent avec de la musique écrite. Puis chacun distribue les intentions en fonction du timbre de son instrument. Comme les autres, j’ai amené une proposition, on a cherché les sons ; au préalable, il n’était pas vraiment prévu de déterminer les instrumentations.

Jean Aussanaire © Emmanuelle Vial

- Ce disque est un projet assurément contemporain. Selon vous, comment sera-t-il reçu par les amateurs de musiques improvisées ?

Selon moi, ce projet est un peu trop écrit pour les amateurs de musique improvisée. Après ça ne me dérange pas du tout, chacun est libre d’avoir son propre ressenti. Comme je l’ai précisé, je peux aussi bien jouer dans des projets très improvisés et des choses plus rigoureuses sur le son, ça amène de la diversité.
J’ai la chance de pouvoir m’engager dans différents projets musicaux. Par exemple, dans la Marmite Infernale, il n’y a pas de leader, il n’y a pas de virtuose, ce n’est pas le but du jeu, mais il y a le son que l’on retrouve tout le temps, c’est la façon de faire. Il y a une identité « Marmite », une empreinte marquée par l’ARFI. Les projets que j’ai faits avant, je continue de les revendiquer, même si j’évolue forcément, l’important est de cultiver un son.

Jean Aussanaire © Emmanuelle Vial

- Quelles sont vos attentes artistiques pour 2016 ?

L’idée principale est de pouvoir jouer les projets qui sont sur le feu ; si on arrive à jouer tous les projets en cours, ce sera une bonne année. Mais j’ai rarement eu si peu de concerts en janvier. On a beaucoup joué Over The Hills avec Bernard Santacruz et Bruno Tocanne qui ont réalisé le casting ; on est quand même dix, avec l’ingé-son, et près de 15 concerts en 2015. Ça marche du tonnerre, on a plein d’échos positifs, alors l’année 2016 s’annonce plutôt bien.