
Joao Paulo Esteves da Silva Trio
The River
Joao Paulo Esteves da Silva (p), Mário Franco (b), Samuel Rohrer (d).
Label / Distribution : Arjunamusic
Repéré par Citizen Jazz dès 2018 lors de notre dossier sur le jazz au Portugal, le pianiste Joao Paulo Esteves Da Silva fait le bonheur des festivals européens : après Bolzano en 2019, Citizen Jazz a rencontré le musicien dans son pays pour le Festa do Jazz de Belém, à l’occasion de la sortie de The River, nouvel album d’un trio installé, où le retrouve le contrebassiste Mário Franco et le batteur suisse Samuel Rohrer. On connaît ce dernier pour son talentueux duo avec Daniel Erdmann, et son importance dans ce trio est cruciale, tant il accompagne de beaucoup de couleurs les rêveries chambristes du piano. « Passing Wind » où ses cymbales frottées sont comme agitées par une brise d’été en est le plus doux des exemples.
Da Silva se plaît beaucoup dans ses climats où la profusion n’a pas cours. Le jeu est doux et ne se perd pas en joliesse inutile, la place est laissée aux échos et le silence sait être une matière première qu’il offre à sa base rythmique. A-t-on besoin de cascades harmoniques pour aborder le sensible ? Si Franco sait être plus tranchant avec un son de contrebasse assez ferme, il nourrit aussi le regard très contemplatif du pianiste en passant à l’archet, dans une alchimie parfaite avec Rohrer (« Concerning The Ice »). Si le disque évoque la rivière, c’est un cours d’eau qui serpente et ne semble jamais gronder ou se tarir. Tout est léger et doux ici, dans un clair obscur de fin de journée d’été, une approche tempérée de climats éthérés comme ceux que l’on entend chez Bruno Angelini, par exemple. Sans sortir d’un schéma assez classique du trio piano - basse - batterie, The River parvient à surprendre par sa douceur.
Enregistré à la Buissonne, presque naturellement, The River est le second album du trio après Brightbird enregistré en 2017. Toujours fidèle au label Arjuna Music, Esteves Da Silva propose une improvisation collective joliment ouatée et pleine de poésie. Chaque morceau a sa propre couleur, du plus mécanique « Lost Small Things » jusqu’à l’insaisissable « Smoke Signals » qui clôt l’album sur une belle discussion à mi-voix entre le piano et l’archet. Joliment vaporeux.