Originaire de New York, ce pianiste de 37 ans a déjà enregistré une série d’albums pour le label Blue Note et joué avec les plus grands, de Sonny Rollins à Benny Golson, de Roy Haynes à Jack DeJohnette.
Après le précédent Open Range, sur le très sérieux label allemand Act, où il allait voir, en solo, du côté du classique, Kevin Hays choisit de reprendre - en trio cette fois - des standards, et confirme ainsi toute l’étendue de son talent.
For Heaven’s Sake est un album marquant qui, sans révolutionner l’art du trio, ajoute une nouvelle page à l’histoire déjà longue de cette formation. Il est diffusé sur le tout jeune label Algorythm d’un autre musicien (guitariste cette fois), Jean-Philippe Muvien, qui aime les pianistes et sait les écouter. Même s’il n’en a pas encore intégré un seul dans ses groupes…
Car Kevin Hayes est avant tout un formidable interprète qui imprime la couleur qu’il veut à son piano : toucher délicatement bluesy sur la ballade « Lady Day » de Wayne Shorter, manière effervescente dans l’ouverture de Rollins « Sonny Moon For Two »…
Il se sert de sa technique - excellente - pour innover, ménager des surprises à l’auditeur et le conduire où il a choisi d’aller. Et on aime à le suivre dans l’émouvante évocation de la « Béatrice » de Sam Rivers ou le troublant « Beautiful Love » de Victor Young.
Un lyrisme jamais alangui : écoutez le rebondissant « It Could Happen to You ». Il en a d’autant plus les moyens qu’il est remarquablement entouré de Doug Weiss à la contrebasse et Bill Stewart à la batterie. Kevin Hays sait raconter une histoire à chaque fois, en parfaite cohésion avec cette rythmique à la mise en place impeccable. L’attelage solide conduit à bon port en un rien de temps, jusqu’à l’incontournable Caravan, clin d’oeil et/ou passage obligé de l’histoire de cette musique.
A se procurer absolument.