Chronique

Ricardo Grilli

1962

Ricardo Grilli (g), Kevin Hays (p), Joe Martin (cb), Eric Harland (d), Mark Turner (s),

Label / Distribution : Tone Rogue Records

Ricardo Grilli signe ici son troisième album, 1962, dans la lignée des deux précédents : If On A Winter’s Night A Traveler et 1954, dans lesquels le guitariste, d’origine brésilienne mais esthétiquement implanté à New-York – en plus d’y vivre réellement – proposait déjà une patine assez classique mais d’une redoutable efficacité.

1962 est en effet un disque très léché, mené avec l’assurance de musiciens qui maîtrisent à la perfection le jazz tout en développant des ouvertures contemporaines qui embellissent l’histoire du genre. On trouve donc une structure très efficace organisée entre thèmes et chorus. Le line-up est d’ailleurs à l’image de cette efficience puisqu’on trouve aux côtés du leader Mark Turner, Eric Harland, Joe Martin et Kevin Hays. Un all-stars, cela va sans dire.

De fait, c’est souvent mâtiné d’un swing somme toute assez courant, avec des soli déclinés d’une mélodie originelle, ainsi qu’en témoigne « E.R.P. », « The Sea and the Night », ou encore l’éthéré « Lunático ». On peut certes avoir l’impression d’une musique déjà entendue, celles et ceux qui parleraient de musique de club illustreraient leurs propos avec « Signs » ou « 183 W 10th St », mais cela signifierait surtout qu’ils n’y laissent traîner qu’une oreille flemmarde : car ça sonne terriblement bien. Les phrases sont longues, évocatrices, expressives et on tient ici un album qui, s’il est solidement ancré dans une tradition, donne surtout un sentiment d’homogénéité et d’aplomb.

Le programme tient en une date ou presque, en l’occurrence… 1962. Ricardo Grilli avait déjà associé son dernier album à une date, en l’occurrence l’âge d’or du be-bop à New York. Cette fois c’est aux années 1960 qu’il se réfère et une nouvelle fois il fait un aller-retour entre passé et présent en inscrivant son dernier répertoire dans celui du hard-bop.