Chronique

Kham Meslien

Fantômes ... Futurs

Kham Meslien (b, perc, eff, charango) + Anthony Joseph (voc)

Label / Distribution : Heavenly Sweetness

Kham Meslien est de ces musiciens discrets dont on se sait rien ou presque, mais qui n’en demeure pas moins présent sur la scène musicale depuis de nombreuses années. Contrebassiste de l’enthousiasmant trio Sweet Back, ou au sein de Lo’Jo jusqu’en 2016 (aux côtés notamment de Franck Vaillant), Kham Meslien a aussi accompagné - sur scène ou en studio - des sommités comme Robert Plant, Archie Shepp, ou encore Robert Wyatt. De longues années à se nourrir d’expériences, parcourir le monde, et qui ont sans l’ombre d’un doute conduit à l’aboutissement d’un disque comme Fantômes... futurs.

Comme souvent avec les aventures, celle-ci a commencé sans réelle préméditation. Une demande de concert solo sera le point de départ qui tournera à la révélation pour le contrebassiste. Les compositions seront façonnées sur scène et parachevées pendant le confinement, pour être enregistrées dans ce premier album solo. 

Ce qui frappe immédiatement, c’est la beauté du son, résultat du travail de Nicolas Houssin mais aussi et surtout d’un toucher d’une grande justesse. Si la trame mélodique du disque véhicule tout un imaginaire fertile, fait de paysages, de décors, de formes, la musique suscite également la présence du musicien, elle dessine une sorte de chorégraphie où la gestuelle du contrebassiste devient perceptible et se matérialise presque.

Comme un air de famille, le nom d’Henri Texier plane, dans cette façon commune de produire des mélodies directes sur des rythmiques efficaces, avec une poigne à la fois tendre et assurée. Alternant le jeu à mains nues ou à l’archet, le bassiste élargit sa palette d’outils par l’utilisation d’un looper, d’effets, d’un charango et de percussions. L’invitation du poète Anthony Joseph sur le titre « La couleur » révèle une alchimie telle qu’on perçoit le potentiel d’un plus vaste partenariat.

Fantômes... futurs révèle un artiste qui a beaucoup de choses à dire. Bien plus qu’un disque de contrebasse, c’est une invitation aux voyages, d’autant plus d’actualité qu’elle est portée par un instrument qui rencontre bien des difficultés pour se déplacer et être entendu. Il serait peut-être d’utilité publique d’en proposer l’écoute à la Société Nationale des Chemins de Fer Français qui, pour l’instant, préfère clouer les pianos en gare à disposition du tout-venant au lieu de permettre à la musique de circuler.