Chronique

Jamie Saft Quartet

Hidden Corners

Jamie Saft (p), Dave Liebman (ts, ss, fl), Bradley Christopher Jones (b), Hamid Drake (dms)

Label / Distribution : RareNoise Records

Jamie Saft est multiple. Le musicien/producteur new-yorkais parcourt tant d’univers différents qu’il donne parfois l’impression que chacune de ses idées finit tôt ou tard sur disque. Sans pour autant se disperser, son empreinte se situe essentiellement dans le fait que tout ce qu’il touche prend une teinte singulière. Le reggae de New Zion Trio, le doom jazz de Swami Lateplate, ou encore le monstre sonore de Kalashnikov (avec l’excellent Mike Pride), pour ne citer que ceux-là, ne ressemblent à rien d’autre dans le genre qu’ils épousent.

Sur Hidden Corners, Hamid Drake, Dave Liebman, et Bradley Christopher Jones (ce dernier était déjà présent sur le précédent quartet), l’accompagnent dans sa quête d’un jazz qui transcende les états de conscience au diapason d’une mystique juive, empruntée au Sefer Yetsirah, cet ancien texte kabbalistique qui explore les liens entre la musique et la numérologie à travers les lettres hébraïques. Un disque spirituel donc, sur les pas de John Coltrane, Pharoah Sanders, ou encore Albert Ayler. Des influences artistiques que le pianiste revendique pleinement.

On retrouve ce toucher de piano caractéristique de Jamie Saft, qui donne toujours l’impression d’une envolée incessante, et qui sied particulièrement à l’intention du présent disque. La musique, initialement prévue pour le New Zion Trio, devient donc jazz d’abord par les membres du groupe qui la jouent. « Chacun de ces musiciens a le pouvoir de transporter l’auditeur vers des contrées supérieures grâce à la musique ». C’est ainsi que le New-Yorkais explique la force de Hidden Corners, qui dépasse de loin sa seule initiative, et il s’en réjouit.