Chronique

Kyle Eastwood

Paris Blue

Kyle Eastwood (b), Michael Stevens (prog), Vinnie Colaiuta (dm), Stéphane Huchard (dm), Kendal Day (dm), Doug Webb (ts), David Sauzay (ts), Lee Thornberg (tp), Jim Rotondi (tp), John Beasley (p), Manuel Rocheman (p), Alan Pasqua (p), Rostom Khajikian (doudouk)

Label / Distribution : Candid / Harmonia Mundi

Kyle Eastwood est bien le fils de Clint. Un simple coup d’œil à la pochette permet de lever le doute, ces deux-là se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ainsi en va-t-il de leur amour du jazz.

On sait depuis fort longtemps que Clint Eastwood est un passionné de musique, plus particulièrement de blues et de jazz (voir sa participation comme interviewer de Ray Charles dans la série documentaire sur le blues produite par Martin Scorcese). Mais on n’en savait pas autant sur son fils Kyle, destiné bien évidemment dans les premiers temps à une carrière d’acteur. C’était sans compter sur son amour de la musique, bien plus fort que celui pour le 7è Art. Dans les années 1990, Clint fait participer Kyle à la bande originale de Bird, merveilleux film qui retrace la vie fulgurante de Charlie Parker. Le change est donné, la collaboration fonctionne, elle peut continuer. Mais, conjointement, Kyle travaille ses gammes, roule sa bosse et fait ses preuves en tant que musicien studio. Puis il monte son propre groupe et enregistre son premier album en 1997, From There To Here. Et le voilà de retour avec cet opus enregistré entre Paris et New York, mais dédié, comme son nom l’indique, à la ville-lumière.

Pour ce faire, Kyle Eastwood ne s’est pas entouré de manchots, loin s’en faut. A commencer par la batterie : Colaiuta et Huchard sont parmi les plus doués de leur génération. Du beau linge, donc. Quant au résultat, il est plutôt rafraîchissant. Nous ne sommes pas dans un jazz pur cru ni, d’ailleurs, dans une musique aux contours bien définis. Kyle Eastwood aime apparemment beaucoup de styles différents, et compte les partager avec l’auditeur. Ainsi nous est-il donné d’entendre des rythmes binaires sautillants propices au dégourdissement, puis une ballade tout ce qu’il y a de plus jazz, et, pourquoi pas, terminer avec un groove funky que ne renierait pas Maceo Parker.

On passe donc du festif à l’intime, du joyeux au mélancolique, et c’est toute une palette de sentiments et de couleurs qui nous est offerte dans cet album aux multiples facettes. En tant que bassiste, Kyle ne fait pas de prouesses, mais il a un beau son, fait son boulot de rythmicien et c’est bien là le principal. Tout le monde n’est pas Marcus Miller ou Pasto ! Ses compositions, sasn être d’une originalité époustouflante, sont bien menées. Les thèmes sont aisément mémorisables et l’harmonie ne souffre pas d’une contemporanéité torturée comme beaucoup savent le faire aujourd’hui.

Reste à voir l’artiste sur scène pour savoir si l’ensemble décolle ou s’affale…