Scènes

Le Délibération Orchestra

Le Deliberation Orchestra à Sons d’Hiver, soit la Compagnie Lubat, de multiples invités et des musiciens flamencos.


Compagnie Lubat :
Bernard Lubat, André Minvielle, Patrick Auzier, Fabrice Viera,
Yves Carbonne, Samuel Bourille, Arnaud Rouannet, Yoann Scheidt

Invités :
Michel Portal,
Louis Sclavis, François Corneloup, Christophe Monniot, Rémi Sciuto, Jean-Luc Capozzo,Yves Robert, François Thuillier, Henri Texier, Bruno Chevillon, Sylvain Luc, Daniel Humair, Francis Lassus,
Denis Charolles,
Gyorgy Kurtag,

Trio Flamenco :
Miguel Mipuente, Georges Didi Huberman, Paco El Lobo.

Samedi 26 janvier 2002
Théâtre Paul Eluard Choisy-Le-Roi

Sons d’Hiver 2002

Qu’est ce que le Délibération Orchestra ? Le titre rappelle le légendaire collectif de Charlie Haden [Le Liberation Orchestra], mais la comparaison s’arrête bien là. Délibérer en temps réel, se jeter dans l’improvisation (« ils n’ont su qu’improviser » dira Lubat à la fin de la soirée), libérer le jazz et la musique, un des grands chevaux de bataille de l’organisateur de cette soirée.
C’est aussi une histoire, pas seulement celles qu’ils nous racontent là, mais l’histoire de la Compagnie, l’histoire des multiples aventures de Lubat longues de plus de trente ans, présentée pour une soirée de plus de trois heures. Il faut de l’audace pour réunir les « seniors » (Auzier, Minvielle, Portal, Humair…) et remonter jusqu’aux jeunes recrues (Bourille, Rouannet… ) en passant par Sclavis, Corneloup, Monniot …et les faire improviser, rien qu’improviser. Rien d’écrit, tout est à dire, tout est possible.

Pour la première partie, ce sont de grands blocs musicaux que construisent les musiciens d’où vont s’extraire, parfois avec difficulté les solistes. L’improvisation collective fait rage, parfois le collectif en prend un coup. Le deuxième morceau patauge, le navire va t’il chavirer ? Ce sont alors les musiciens de flamenco qui sonnent à nouveau la charge, et la musique repart, plus organisée et non moins énergique.

Bernard Lubat attaque seul au piano la seconde partie. Il a peu joué finalement, dirige vigoureusement par moment, écoute surtout. Il laisse le processus musical se développer par lui même.
Là, devant son clavier, il joue la nuance. On sent bien sous ses doigts les études classiques (ou classieuses comme il le dit) qui l’ont forgé et le rugissement du jazz pour s’en libérer. Tour à tour, les musiciens viennent à leur tour dans l’arène. Sclavis joue déstructuré, Corneloup procède par nappes magnifiquement tendues. Cappozo poétise avec Thuillier, le public et les musiciens sont soufflés par l’audace et l’orginalité de ce dialogue.

« Je vous tourne le dos, c’est pour votre bien », lance Bernard Lubat, et salue l’arrivée de Michel Portal, Daniel Humair et Bruno Chevillon qui arrivent d’un concert en compagnie de Bojan Z. C’est l’occasion d’un dialogue de percussions et de voix entre Humair, Lassus, Charolles et Lubat, pour laisser place à un groove funky sur lequel Monniot et Portal feront merveille.
Quand Lubat prend enfin son accordéon, c’est bien sûr l’heure du bal qui sonne ! De nombreuses personnes dansent et la musique n’a plus qu’à nous laisser sur cette ambiance hautement festive.

Je laisse le mot de la fin à une personne qui me dit en sortant : « ça devrait être remboursé par la sécurité sociale… » Ah, si des fonctionnaires pouvaient lire ce papier !