Chronique

Luigi Trussardi

Introspection

David Sauzay (ts), Gaël Horellou (as), Laurent Courthaliac (p), Luigi Trussardi (b, piccolo bass), François Ricard (d).

Label / Distribution : Elabeth

Le contrebassiste Luigi Trussardi fait partie de ces contrebassistes
européens qui ont accompagné tout un monde, y compris les plus grands, américains ou européens, dans l’univers des clubs, des standards et du swing qui reste au coeur de la pratique du jazz. C’est cette expérience, couvrant quelques décennies, qu’il apporte à ce nouveau CD, consacré aux compositions de Monk, Bud Powell et autres boppers. C’est ainsi qu’il aide à transmettre la grande tradition du bebop à ses jeunes partenaires et au public.

A la remarque de François Lacharme dans le livret - "Alors que tout, en
musique, semble aujourd’hui tenir lieu d’évènement, il faut oser le chemin du bebop« - on aurait pu répondre que c’est quand même un chemin que beaucoup empruntent, même de nos jours. Mais justement, ce n’est pas forcément l’audace qu’on recherche - ici on admire l’authenticité de ce bebop, en commençant par le répertoire, d’un goût irréprochable, et en continuant par le son de la section rythmique, très »d’époque". Une musique de répertoire, mais qui n’a pas pris une ride.

L’instrumentation varie tout au long du CD. Le ténor David Sauzay est à l’honneur sur quatre compositions, rejoint par le très chaud Gaël Horellou au sax alto pour deux morceaux, dont un « Shaw’nuff » endiablé. Le trio Courthaliac/Trussardi/Ricard se distingue sur « Wee See » de Monk, « Hallucinations » de Bud Powell (qu’on reconnaîtra comme étant le « Budo » des fameuses séances « Birth of the Cool » de Miles Davis), et « Salute to the Band Box » de Gigi Gryce. Enfin Trussardi, suivant l’exemple de Ron Carter, joue à l’archet une basse piccolo, quelque part entre le violoncelle et la contrebasse, sur « Crepuscule With Nellie » et le superbe « My Ship » de Kurt Weill, qu’on n’entend pas assez souvent. Malgré le solide travail du groupe
sur les autres morceaux, ce sont ces deux-là, où les thèmes sont joués simplement, sans solo, que je préfère.