Chronique

Lumen Drones

Umbra

Nils Økland (violon hardanger, vln), Per Steinar Lie (g), Ørjan Haaland (dm)

Label / Distribution : Hubro

Chez les Norvégiens d’Hubro, ce sont d’abord les pochettes qui attirent l’œil et donnent envie d’écouter un album. Réalisées par le collectif Yokoland, on est souvent saisi par l’élégance brute et le minimalisme sophistiqué qui s’en dégage. La photo de pochette d’Umbra, le deuxième album du groupe norvégien Lumen Drones, ne déroge pas à la règle. Une bicoque de bois rouge au toit blanc. Un ponton s’enfonçant dans les eaux de ce que l’on imagine être un fjord. Une barque à moteur au loin. Et la neige, la neige partout, manteau immaculé qui recouvre et efface tout. Le décor est planté. On est déjà loin, transporté dans un univers fantasmagorique, enveloppé dans des ambiances que l’on imagine ouatées et crépusculaires.

Cette sensation est confirmée dès les premières notes de « Inngang ». Le murmure du violon, l’écho lointain d’une guitare, des cymbales convulsives. La musique progresse lentement, par petites touches de couleurs. Impression d’apesanteur. Les titres s’enchaînent comme naturellement. On est alors happé dans un tourbillon sensoriel (qui nous poursuit bien après l’écoute de l’album), grisé tantôt par les montées extatiques (« Droneslag », « Avalanche in A Minor », « Etnir ») élaborées notamment par le duo Per Steinar Lie et Ørjan Haaland [1], tantôt par les plaintes du violon de Nils Økland [2] (« Gorrlaus slatt », « Speil »). Celui-ci nous avait déjà ravi avec Lysning, un album puissant et mélancolique enregistré notamment avec le contrebassiste Mats Eilertsen et publié déjà chez Hubro. Il récidive donc, nous laissant heureux et hagard, persuadé que Umbra constituera un baume apaisant pour traverser l’hiver.

par Julien Aunos // Publié le 12 janvier 2020
P.-S. :

[1Duo issu de la scène rock underground norvégienne.

[2Avec Erlend Apneseth, il est l’un des maîtres du violon hardanger.