Chronique

Marcelo dos Reis

Cascas

Marcelo dos Reis (g, guitare préparée)

Label / Distribution : Cipsela

Cascas est le premier album en solitaire du guitariste portugais Marcelo dos Reis. Habitué des concerts dans cette formule, dos Reis grave ici un disque intimiste et passionnant. Cascas est le surnom que son papa lui affublait quand il était enfant. On peut traduire par pelures, écorces ou coquilles, quelque chose de l’ordre de l’enveloppe, protectrice et rassurante. En se présentant dans le plus simple appareil, seul à la guitare acoustique, c’est cette enveloppe que le guitariste semble vouloir arracher, nous dévoilant ce qu’il a de plus intime : sa propre histoire. Remplie de petites anecdotes et de moments fondateurs. Emplie de joies, de doutes et de peines. Une histoire qui ressemble sans doute à celles de pas mal d’entre nous. Et c’est pour cela que cet album nous touche profondément.

Pour cela et parce que Marcelo dos Reis les raconte magnifiquement les histoires. Avec sa guitare bien sûr. Préparée ou pas. Avec ses tripes aussi. Avec tendresse surtout. Du « Sonica » introductif, répétitif et entêtant au « Corvo (to Manuel Francisco) » final, possible hommage à un aïeul disparu, d’une beauté abrasive, tout est dit. Mais encore : « Molusco » et ses arpèges voluptueux ; « Crina », joué à l’archet, animal et mystérieux ; « Bostik azul » et sa minimaliste ritournelle feutrée ; « Minerva » et son côté minéral. Et puis le superbe « Ceifa (to Alzira Francisca) », hommage à la grand-mère du guitariste qui ramassait le blé dans la région de l’Alentejo, berceau de sa famille paternelle.

Onirique et sauvage, lyrique et minimaliste, profonde et sensible, la musique de Marcelo dos Reis procure de grandes émotions. Elle résonne en nous comme résonnent les cordes sensibles de sa guitare. Et nous fait dire (et redire) que le guitariste portugais est aujourd’hui un des musiciens phares de la scène improvisée européenne.