Chronique

Mario Stantchev

Musica Sin Fin

Mario Stantchev (p)

Label / Distribution : OUCH !

Premier témoignage sur disque de la musique de Mario Stantchev en solo, Musica Sin Fin n’est pas sorti de nulle part. L’histoire commence en 2017 autour des Chroniques minuscules, des mondes d’antan, Découverte [Rabat, 2016]. L’idée est de Christophe de Beauvais, elle part d’images d’un autre temps qui lui inspirent des textes. Ces textes inspirent à leur tour des musiciennes et des musiciens : Camille Thouvenot, Pascale Berthelot, René Bottlang, Mario Stantchev, Denis Badault et Stéphan Oliva. De véritables triptyques poétiques, tissés sur le croisement d’époques, d’univers et de sensibilités singulières. Et celle de Mario Stantchev a abouti à ce disque paru chez Ouch ! Records. Enregistrées au studio de la Buissonne par Gérard de Haro, les bandes seront confiées à Lionel Martin, le compagnon de longue date, pour qu’il poursuive ce cadavre exquis pluridisciplinaire en prenant en charge la direction artistique de ce qui deviendra Musica Sin Fin.

C’est une floraison nourrie d’influences, de collaborations, de voyages que Mario Stantchev laisse éclore au fil de ces douze pièces musicales, plus écrites qu’improvisées. Il fait toute une musique du sentiment que lui procurent les mots de Christophe de Beauvais, qui raniment les images d’antan. Mais l’œuvre défie le temps, et quoi de mieux, pour énoncer l’infini, que de commencer par la fin ? Alors tout commence par un épilogue, qui joue avec les silences et laisse mourir les notes sans que rien ne semble pourtant s’achever.

Chacune des pièces est un univers qui pourrait tout contenir, mais qui ensemble forment un tout personnalisé, caractérisé par l’émotion du pianiste. La prouesse reflète le mode opératoire de l’œuvre, façon poupées russes, où tout s’imbrique mais où tout peut exister sans le reste. Le musicien décèle la beauté d’un temps à l’autre et la transmet épurée, seul au piano. En offrant au passé un prologue dans le présent, il offre plus qu’un regard nostalgique. À chacun désormais de laisser naître une inspiration à partir de cette musicalité des mots et des images. Parce que c’est sans fin.