Chronique

Timothée Quost

Flatten the Curve

Label / Distribution : Carton

On retrouve Timothée Quost avec Flatten the Curve, un disque qui poursuit une quête de l’étrangeté et de la découverte, caractéristique de l’œuvre du trompettiste et compositeur. Un album qui s’articule sur deux axes, celui du documentaire sonore, dans lequel on peut entendre des voix enregistrées en EHPAD, et cinq pièces musicales écrites au cours des dernières années.

C’est en 2020, alors que Timothée Quost décide d’enregistrer ses compositions, que l’idée commence à germer de croiser celles-ci avec les enregistrements qu’il fait auprès de personnes âgées. La mise en forme se fera grâce au concours du chef d’orchestre et directeur artistique Léo Margue, de Julien Podolak et Paul Alkhallaf à la prise de son, au mixage et à la direction artistique. Pierre Juillard, botaniste, preneur de son et compositeur de musiques électroniques, réalisera quant à lui les collages sonores incluant les propos des personnes interrogées.

Dans le détail, les cinq compositions sont elles-mêmes distinctes et singulières. « Pohorje », est une pièce de musique de chambre, composée en Slovénie, à l’époque d’une retraite en solitaire que le musicien avait réalisée avant la sortie de Before Zero Crossing. « Lame » est une pièce pour grand ensemble de 15 minutes, dont les variations se développent sur une tension permanente. « Mignon », « Sek Gorgui » et « Divine » sont trois courtes pièces écrites pour l’ensemble Liken.

Ce qui au départ semble un assemblement de projets et d’idées éparses, glanées dans le temps, s’avère être un ensemble cohérent, qui forme une œuvre dont chaque pièce compte et révèle un peu plus l’indicible. La musique écrite et les instants capturés s’harmonisent, se soutiennent et s’éclairent mutuellement. La féerie sonore que produit « Mme Angot » se hisse à la rencontre de la volatile « Divine ». On entend que trop évoluer n’est pas si bon que ça, que la vie est un mouvement, et que nous recherchons tous la même chose : l’inconnu. Pour arriver à ça, il faut beaucoup de chemin. Car la vraie vie nous est invisible.

par Raphaël Benoit // Publié le 10 octobre 2021
P.-S. :

Timothée Quost (tp, comp), Fanny Meteier (tuba), Juliette Adam (cl, bcl), Noémi Boutin (cello), Pauline Schneider (p), Gaspard Beck (micro-contact & vib), Pierre Juillard (soundscape & electronic), Antoine Brun (vln), Pierre Vinay (vln), Ruben Tennenbaum (vln), Léa Godreau (Viole), Anaïs Pin (cello), Quentin Coppalle (fl), Gabriel Boyault (ss), Jean Wagner (horn), Victor Aubert (elec guit), Baptiste Thiébault (dms), Ariane Bacquet (haubois), Xavière Fertin (cl), Loïc Vergnaux (bcl).