Chronique

Metismatic

Bad Safari

Romain Perda (balafon, cavaquinho, métaux), Brice Perda (tuba, saxhorn, flugabone), Mathieu Mitéran (cello), Alex Belair (perc). Invités : Anissah Bensalah (voc), Amina Mezaache (fl), Michael Havard (ts), Jonathan Edo (pandeiro), Joachim Govin (b)

Label / Distribution : Quart de Lune

Après un premier album éponyme paru en 2012, Metismatic est de retour, plus éclectique que jamais. Les membres permanents sont les mêmes : Romain Perda au balafon et parfois au cavaquinho, son frère Brice Perda aux cuivres, Mathieu Mitéran au violoncelle et Alex Belair aux percussions (essentiellement tablas et cajòn).

D’un côté le balafon, xylophone africain, a une sonorité caractéristique imprégnant immédiatement les morceaux de son essence africaine. De l’autre, les tablas sont associés à l’Inde, leur pays d’origine. Au milieu, les cuivres apportent la signature « jazz » du groupe, évoquant en particulier - grâce au tuba - les brass bands. En y ajoutant le violoncelle, on trouve une telle diversité instrumentale dans les timbres et associations que ce quartet pourrait se suffire à lui-même. Néanmoins, il repousse plus loin les frontières – pour autant qu’elles existent - de son univers en s’offrant des invités issus de la scène jazz world. Ceux-ci enrichissent ponctuellement les compositions de chant, de flûte traversière, de contrebasse, de saxophone et de pandeiro.

Avec une telle palette, Metismatic pourrait se borner à se complaire dans des jeux de textures bénéficiant d’une étiquette « world » amplement méritée. Mais ici l’ambition, portée par l’écriture de Romain Perda, est manifestement plus vaste. Ce dernier signe toutes les compositions ; on y retrouve l’âme du voyageur à qui chaque jour apporte son lot de découvertes, à l’image de cette éternelle surprise, « Hope » : une introduction énergique de riffs de cuivres en ostinato laisse rapidement place à une mélodie tendue et mélancolique au violoncelle. Lui-même s’efface alors au profit d’un solo de flugabone ; le morceau, qui semblait s’achever, reprend de plus belle avec le ténor de Michael Havard. La plupart des pièces se caractérisent par des ruptures rythmiques, des accélérations, des changements d’atmosphère et de continent, voire par de courtes parties déconstruites pouvant rappeler Frank Zappa - sur le dernier morceau, très justement intitulé « On ira où ? », la surprise est toujours au rendez-vous, même après plusieurs écoutes.

On ne peut qu’être admiratif devant un groupe à la si forte identité musicale et porteur d’une telle exigence dans l’écriture, pour qui la facilité ne fait jamais partie des solutions envisageables.