Chronique

Michele Rabbia & Ingar Zach

So-nò-ro

Michele Rabbia (dm), Ingar Zach (dm)

Label / Distribution : CamJazz/Harmonia Mundi

Rencontre en délicatesse entre le batteur italien Michele Rabbia et le batteur norvégien Ingar Zach. Le premier, bien connu dans l’Hexagone, a été entendu dernièrement au côté de Roberto Negro et Émile Parisien ou encore dans Equal Crossing et Unbroken de Régis Huby. Il fait valoir dans chaque projet auquel il participe un sens implacable de la pulsation tout autant qu’un usage parcimonieux mais judicieux de l’électronique comme une extension du set d’une batterie picturale.

Adepte lui aussi d’une adjonction électronique à ses fûts, depuis quelque temps maintenant, Ingar Zach parcourt les territoires de la musique improvisée dans lesquels il croise Derek Bailey, Agustí Fernández, Arve Henriksen ou encore Kim Myhr. Particulièrement à son aise dans les atmosphères étales longuement diluées, il est, lui aussi, de ces batteurs à ranger du côté des percussionnistes plutôt que des forcenés d’un groove appuyé. Le duo qui les rassemble est ainsi celui d’une approche subtile qui envisage le rythme comme espace et le timbre comme coloration.

A partir d’un discret bourdonnement qui sera le terreau fertile de leurs investigations et sans souci de signaler qui joue quoi, les deux musiciens privilégient le naturel et la légèreté. Les bruits de cloches ou de verre notamment donnent de la fragilité à un tissu musical aux mailles particulièrement aérées. Le moindre acte peut se lire en filigrane derrière celui qui le précède et les délicats phénomènes d’écho et de résonance construisent des paysages étendus qui obligent l’oreille à une écoute immersive. On y devine les gestes suspendus de personnalités attentives l’une à l’autre et qui sélectionnent avec attention les textures les plus recherchées de leur instrument.