Chronique

Mátyás Szandai Quartet

Sādhana

Mátyás Szandai (cb), Nelson Veras (g), Ricardo Izquierdo (s), Fabrice Moreau (dm)

Label / Distribution : BMC Records

Il y a dans cette musique des parentés naturelles avec les grands stylistes du jazz américain des années 50 et 60. Warne Marsh, Paul Desmond, Lee Konitz ou, d’une autre manière, Jimmy Giuffre, résonnent encore à travers ce quartet conduit par le Hongrois Mátyás Szandai.

Donnant suite à Bartók Impressions en 2018, déjà chez BMC, le contrebassiste explore un panel d’harmonies subtiles sur des rythmes complexes. Il a la politesse de les dissimuler sous des atours parfaitement lisibles et, pour tout dire, immédiatement plaisants. En ressortent ainsi des états éthérés, souvent étranges et jamais définitifs. Suspension ou affirmation, l’oreille est sollicitée et navigue au gré des tensions et des détentes sans jamais se résoudre à rien, si ce n’est à la satisfaction d’entendre le roulis doux d’un son collectif équilibré au sein duquel chacun tient son rôle avec intelligence.

La science de placement des musiciens est, en effet, implacable d’efficacité. De l’élégance racée du saxophone de Ricardo Izquierdo aux nuances dissonantes de la guitare de Nelson Veras, ils apportent une ambiance suave et apaisante sans être fade. La tonicité subtile de la paire constituée par Fabrice Moreau et Szandai mobilise leur attention et rehausse imperceptiblement le niveau de jeu. Elle ajoute de nouvelles perspectives à une musique faussement simple, toujours délicieusement complexe.