Midi4

Avec « It’s Okey Not to Sleep », le quartet polonais Midi4 nous fait entrer dans un univers où l’apparent chambrisme est là d’abord pour évoquer les rêves, voire les hallucinations, tout en revendiquant un profil très enfantin. Quelque chose de l’ordre de l’imagination, donc. D’abord, c’est le saxophone de Szymon Kowalik qui semble perclus d’effets électroniques, puis c’est le piano de Malina Midera qui part en cascade, qui irrigue le quartet d’une dose subtile de magie dans des déferlantes qui semblent inextinguibles. Plus loin, avec le court « Kormorany », elle commencera à la flûte, une flûte qui trille, à la fois insouciante et inquiétante par son approche très péremptoire, à peine calmée par la batterie d’Alan Kapołka.

Midera est la découverte de ce quartet, qui perpétue le travail que menait la pianiste avec Kowalik dans le Midera&Kowalik Quartet, en compagnie d’une base rythmique norvégienne. Les relations entre Midera, Kowalik et la Scandinavie sont d’ailleurs encore très fortes, « Snussland » le confirmera. Ici, ils trouvent une autre paire qui permet de fouiller le caractère très onirique et alcalin de leur musique commune. Dans le doux « Léni un labi », on peut à ce titre apprécier le jeu à l’archet du contrebassiste Szymon Zalewski, impliqué sur la scène de Gdansk et membre par ailleurs du plus bruitiste Abbys. Dans « FTM », on peut également apprécier sa grande rigueur rythmique face à une pianiste qui aime l’hyperbole et la fougue, diablement enfantine, et trouve à l’orgue Hammond une façon d’exprimer de manière plus souterraine son impatience exacerbée par Kapołka dans « How to Be an Adult part.1 » comme « Part.2 ».

Ces deux interludes sont de courts précipités de ce que Midi4 souhaite mettre en avant, ce que Midera avait déjà montré dans le plus pop et plus extraverti Klawo, dont on recommande le live, enregistré l’an passé. Midi4 est une nouvelle génération de musiciens polonais de Gdańsk que nous propose l’impeccable label Alpaka Records. Plein de surprises et d’imagination, Midi4 est une belle fenêtre sur un bel orchestre. Cats, Dogs & Dwarfs dit beaucoup de l’univers imaginé par Malina Midera, par ailleurs photographe.