Chronique

Mike Connelly

Failing Lights

Mike Connelly (électronique)

Label / Distribution : Intransitive Recordings

Mike Connelly, qui opère en solo sous le nom de Failing Lights, est l’une des figures majeures de la scène bruitiste nord-américaine. Ce mouvement, dont l’épicentre se situe dans la région des Grands Lacs, est aussi connu sous l’appellation de « Michigan » basement scene. Depuis la fin des années 90, il irradie les réseaux indépendants de nuées de cassettes et CD-R, productions maisons dont la diffusion est ponctuée d’apparitions sur des labels d’audience plus ou moins confidentielle. Cette vague noise se caractérise par une propagation souterraine, un goût prononcé pour l’utilisation de matériel analogique plus ou moins périmé, voire défectueux, et une musique élaborée hors de tous diktats commerciaux et normes artistiques. Une musique bruitiste et électrique donc, qui aime à piller les codes en vigueur du rock et du jazz, pratique le DIY (do it yourself, « fais-le toi-même ») et dont on notera le goût certain pour une forme libre, souvent psychédélique. Le trait principal de cette noise music reste son rejet quasi systématique des instrumentations traditionnelles, ordinateurs compris, au profit de tables de mixage, pédales d’effet, amplis, appareillages maison, circuits électroniques trafiqués, cassettes, micros lo-fi, etc.

Mike Connelly appartient à deux des plus emblématiques formations de cette scène : Wolf Eyes et Hair Police.
Failing Lights n’est pas son premier essai solitaire. Cet album tombe après une avalanche de cassettes et CD-R [1], publiés sous le même pseudonyme. C’est cependant son premier enregistrement solo à bénéficier d’une visibilité hors des circuits confidentiels de l’auto-production. Sa distribution européenne est assurée par Metamkine.

Failing Lights est un disque d’une beauté sombre et introspective, un tableau crépusculaire qui chuinte d’effluves électriques. On apprécie le superbe grain analogique, les notes de guitare égrenées dans une rêverie nostalgique, les claviers hypnotiques drapés de saturations. Connelly déclarait récemment qu’il avait été marqué, enfant, par les paysages du midwest américain traversés la nuit, en voiture avec ses parents. Voyant, perdues au loin, les lumières de maisons isolées, il imaginait alors des faits troubles et des créatures incertaines. On ne saurait mieux dire pour décrire cette musique.

par Vincent Faugère // Publié le 30 octobre 2010

[1Voir notamment les labels Gods of Tundra, Fag Tapes, American Tapes, Hospital Productions.