Chronique

Nicolas Fiszman

Nicolas Fiszman

Nicolas Fiszman (g), Ziv Ravitz (dm), Nicolas Thys (b), Olivier Bodson (tr, bugle), Frank Deruytter (ts), Arnould Massart (p : de 2 à 11), Nicola Andrioli (p : 1 & 12), Tuur Florizoone (acc 6), Philip Catherine (g 6)

Label / Distribution : Cristal Records

C’est l’histoire d’un musicien qui décide d’enregistrer le premier disque sous son nom après quarante-cinq ans de carrière. Plus que tout c’est un album gravé en compagnie d’amis et qui ne prétend aucunement bouleverser le cours de la musique. Nous sommes en présence d’une réunion de partenaires musicaux entourant le talentueux Nicolas Fiszman qui, pour l’occasion, ne jouera pas de l’instrument qui le popularisa, à savoir la basse électrique. Il choisit pour son premier opus de se consacrer uniquement à la guitare.

Élève surdoué de Philip Catherine avec qui il prit des cours dès l’âge de 11 ans, Nicolas Fiszman fut l’étoile montante de la basse électrique. Un certain Jaco Pastorius l’inspira fortement et il n’eut aucun mal à se faire un nom, en particulier lorsque Philip Catherine l’invita sur son album mythique End Of August. Une longue tournée s’ensuivit dans laquelle Charlie Mariano et Trilok Gurtu croisaient le fer avec le jeune bassiste pour son plaisir et celui des spectateurs. Les années ont passé et Nicolas Fiszman est devenu un musicien de studio renommé et avant tout l’accompagnateur de grands noms de la chanson, d’Henri Salvador à Dominic Miller, la liste est longue.

L’album lorgne du côté de la musique d’entertainment américaine ; le son de la guitare n’y est pas étranger. Certains morceaux ont ce parfum typique que des guitaristes comme Lee Ritenour ou Larry Carlton avaient mis en avant il y a des décennies. Les instrumentistes embarqués dans l’aventure sont tous des musiciens confirmés mais se cantonnent à leur rôle bien défini qui est la marque de fabrique de l’album. Le trompettiste Olivier Bodson démontre son talent avec fougue dans « Shall We Meet At Breakfast ? » et le saxophoniste Frank Deruytter n’est pas en reste dans « Olaf », qui renvoie aux univers de Jan Garbarek. D’ailleurs, lorsque les deux instruments à vent jouent à l’unisson, nous reviennent de lointains échos de groupes musicaux tels que Chicago : « Freddy » en est l’archétype. Le phrasé chaleureux de Philip Catherine apparaît sur « Jean-Baptiste et Ivan », contrastant avec le son parfois trop policé de l’ensemble musical. Certains morceaux musicaux comme « Broken Light » évoquent des bandes sonores cinématographiques. Les diverses expériences musicales de Nicolas Fiszman n’y sont pas étrangères : nous nous souvenons qu’il collabora avec Ranjit Barot à des musiques de film pour Bollywood.

Cet album mêlant plusieurs ambiances variées plaira à la fois aux amateurs de musiques électriques ainsi qu’aux nostalgiques des sonorités nonchalantes de la côte ouest des Etats-Unis.