Chronique

Nino Locatelli

Tilietulum (solo version)

Giancarlo Nino Locatelli (clar)

Label / Distribution : We Insist !

Si « Tilietulum quarta pars » évoquera pour certains des parcelles d’utopie disséminées autrefois dans le lointain Dejarme solo ! de Michel Portal, cela n’a rien d’étrange : les montagnes du nord de l’Italie ont des similitudes avec les sommets basques. L’inspiration qui prévaut chez ces deux clarinettistes s’assimile quelquefois à des instants empreints de solitude.

Giancarlo Nino Locatelli s’imprègne ici du Val Taleggio dans la province de Bergame, terre originelle de ses grands-parents paternels où il va régulièrement se ressourcer. Ce territoire est encore habité par des agriculteurs qui mènent une existence rude aux côtés de leurs troupeaux. Les sonnailles des bovins qui paissent dans les pâturages sont la source d’inspiration du clarinettiste.

En parfait éthologue, Giancarlo Nino Locatelli incarne idéalement la connaissance de ce territoire et de ses rites ancestraux. Avec ce projet original, il redéfinit de nombreux codes musicaux, car c’est revêtu de sonnailles et armé de sa clarinette qu’il se produit afin d’improviser avec une grande intensité. « Tilietulum septima pars » sautille, la clarinette se pare de générosité et sublime l’allégresse. La corporalité en mouvement procure des mélodies pastorales inattendues comme dans « Tilietulum sexta pars » alors que l’exaltation progressive étoffe « Tilietulum quinta pars » qui se conclut avec délicatesse. La danse est un élément déterminant dans ce concept, « Tilietulum undecima pars » est parsemé d’un foisonnement de rythmes harmonieux qui ont tôt fait de nous transporter sur des prairies sauvages.

Avec beaucoup d’élégance, les souffles conjugués de la clarinette de Giancarlo Nino Locatelli épousent le tintinnabulement des clochettes. Ensorceleuses, ces visions oniriques referment cet album par la douce mélodie de « Tilietulum peroratio ».

par Mario Borroni // Publié le 30 mars 2025
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