Chronique

Olivier Ker Ourio

Singular Insularity

Olivier Ker Ourio (harm), Grégory Privat (p), Gino Chantoiseau (b), Arnaud Dolmen (d), Inor Sotolongo (perc), Bastien Picot (voc), Christophe Zoogonès (f)

Label / Distribution : Bonsai Music

Avec Singular Insularity, Olivier Ker Ourio nous montre qu’il est un insulaire. Il y avait eu auparavant le projet Somminkèr qu’il avait mené avec Danyel Waro, un des musiciens emblématiques de l’île de la Réunion. Cette fois, il élargit la zone géographique et propose une aventure où on rencontre toutes les cultures créoles. Pour ce faire, il s’est entouré de nombre de musiciens ultramarins eux aussi : Grégory Privat, Arnaud Dolmen, Inor Sotolongo et Gino Chantoiseau. Martinique, Guadeloupe, Cuba et Maurice viennent donc compléter ce line-up créole.

Les morceaux chaloupés, ultra-mélodiques – comme c’est le cas pour l’ensemble de la discographie d’Olivier Ker Ourio – donnent à cet album une touche qui rayonne. Bien entendu, on nous emmène voguer. En témoigne, entre autres et parmi d’autres, « A bord du Zéta », un morceau directement issu du roman éponyme de Le Clézio. Mais si on rayonne et si on vogue, c’est quelquefois pour rappeler le pire. « Zenfants de la Creuse », hommage aux enfants réunionnais déportés dans les années 1960 en métropole pour « repeupler » certains départements, en fait partie. Le morceau est enjoué, très beau, très agréable. Il n’en reste pas moins qu’il met le doigt sur une pratique de « déplacement de population » qui a été réellement conduite. Les autres compositions – toutes de la main de Ker Ourio – ne sont pas dans ce registre mais sont également très personnelles. La participation de Bastien Picot sur trois des morceaux – dont le superbe « Soufflèr » qui évoque les vagues de l’Océan Indien qui viennent échouer sur le site du même nom – ainsi que celle de Christophe Zoogonès ne sont pas anecdotiques. Ils contribuent tout autant à ce disque ultramarin.