Le titre est explicite ou presque, car si Mujer con mantón fait référence au flamenco, ce qui n’est pas précisé en revanche, c’est que Geoffroy Tamisier a adapté nombre de classiques du jazz américain au registre de ce mantón. En effet si l’album débute avec « Las lágrimas de mi amor » puis une rumba et un tango, l’oreille est tout à coup surprise de reconnaître « Summertime ». Un coup d’œil à la set-list confirme ce titre de Gershwin et de nombreux morceaux - dont « Strange Fruit » ou encore « You Don’t Know What Love Is » - bien éloignés du flamenco. Un coup d’œil plus curieux encore nous apprend que le projet tourne autour de Billie Holiday – la « mujer con mantón » en référence à « Lady In Satin », comme l’indique le livret qui accompagne le CD – et on dira très volontiers que ces grands titres de la tradition jazz trouvent naturellement leur place dans ce disque où ils se retrouvent mâtinés de flamenco.
Avec Geoffroy Tamisier, on pouvait s’attendre à l’excellence. On le savait depuis au moins Lágrimas azules, qu’il partageait déjà avec Didier Ithursarry et le guitariste Laurent Jaulin. C’est bien entendu le cas, et le trompettiste mène un très bel orchestre de dix-huit musiciens qui rassemble un certain nombre de flamenquistes, en particulier la chanteuse Isabel Julve, et d’autres plus familiers des colonnes d’un magazine de jazz.