Chronique

Olli Ahvenlahti

Mirror Mirror

Olli Ahvenlahti (F. Rhodes, synth), Jukka Eskola (tp, bgl), Joonatan Rautio (ts), Ville Herrala (b), Jaska Lukkarinen (d, perc)

Label / Distribution : We Jazz Records

Vous êtes nostalgiques des groupes électriques Return to Forever de Chick Corea ou The Eleventh House de Larry Coryell ? Ne cherchez point de rééditions d’albums rares en import japonais à prix d’or, Olli Ahvenlahti va vous replonger dans ces ambiances caractéristiques des formations étasuniennes d’il y a cinquante ans, avec un groove qui n’appartient qu’à lui.

Du haut de ses soixante-quinze ans, le pianiste finlandais, réputé pour avoir dirigé et composé pour de grands orchestres ainsi que pour son labeur au sein de la société nationale de radiodiffusion publique finlandaise YLE Finnish Broadcasting Company, n’est pas reconnu dans son pays que pour ces travaux alimentaires. Il a fait partie de l’UMO Jazz Orchestra et ses albums imprégnés de jazz-rock publiés dans les années soixante-dix, Bandstand et The Poet, eurent un certain succès. Avec la sortie de Mirror Mirror, l’ambiance lorgne vers un funk teinté de psychédélisme. Très soudé, le duo composé du trompettiste Jukka Eskola et du saxophoniste Joonatan Rautio évoque pleinement les fulgurances des Brecker Brothers.

Les solos de piano électrique sont tous sophistiqués, notamment sur « Paint It Blue », et témoignent du bagage musical affirmé du leader. « For Dizzy and Lionel » met en valeur la paire rythmique composée de Ville Herrala à la basse électrique et de Jaska Lukkarinen à la batterie, le saxophoniste y signe un solo d’une grande intensité. Fréquemment, des nappes de synthétiseur soulignent les changements de tonalité du piano électrique : celui-ci s’affirme comme la véritable signature sonore de l’album, « Rhytm and Rhymes » en est l’illustration parfaite. La basse sait se faire mélodique, en particulier dans « Bedtime Snack », que n’auraient pas désavoués les orchestres américains Blood, Sweat and Tears ou Chicago Transit Authority.

Olli Ahvenlahti a réalisé un album où les arrangements musicaux sont taillés au cordeau, chaque instrumentiste fait preuve de tonicité à l’image de Jukka Eskola qui prend un envol spectaculaire dans « The Opening Game ». Caractérisé par ses unissons cuivrés portés par des motifs syncopés, Mirror Mirror s’avère diablement dansant

par Mario Borroni // Publié le 25 août 2024
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