Chronique

Omar Sosa & Seckou Keita

Transparent Water

Omar Sosa (kb, electronics, voc, perc), Seckou Keita (kora, voc, perc), Gustavo Ovalles (perc), Mieko Miyazaki (koto), Wu Tong (sheng, bawu), Mosin Khan Kawa (nagadi), E’Joung-Ju (geomungo), Dominique Huchet (bird EFX)

Label / Distribution : World Village

Les projets d’Omar Sosa sont presque toujours des rencontres et s’il n’y avait une pointe de mépris dans le terme World Jazz, on l’adopterait volontiers pour qualifier la musique du pianiste cubain. On l’a en effet vu dernièrement avec Jacques Schwarz-Bart ou encore en duo avec Paolo Fresu. Il n’hésite donc pas à promener son imagination de part et d’autre des océans pour la confronter à d’autres musiques. En outre, parmi ses albums précédents, nombreux sont ceux qui témoignent, tant par les compositions que par leurs intitulés, de ce souci de réaliser une musique du monde. C’était le cas d’Afreecanos et Mulatos notamment. Ce Transparent Water ne déroge pas à la règle. Il est d’ailleurs doublement signé Omar Sosa et Seckou Keita. Le line-up vient confirmer ce parti pris puisque, aux côtés des deux leaders ainsi que du percussionniste vénézuélien Gustavo Ovalles qui avait participé à Sentir, Eggūn et Ayaguna, on trouve la joueuse de koto, Mieko Miyazaki – qu’on avait vue sur le projet Saiyuki de N’Guyên Lê – Wu Tong au sheng et au bawu, deux instruments à souffle chinois, le joueur de tabla Mosin Khan Kawa, E’Joung-Ju au geomungo, un instrument à cordes coréen, ainsi que Dominique Huchet. C’est donc presque l’ensemble du globe qu’ont réuni Omar Sosa et Seckou Keita.

Comme souvent chez le pianiste cubain, l’esthétique est à la quiétude. On a souvent loué son sens de la retenue quand d’autres multiplient les chorus spectaculaires. C’est une des ses marques de fabrique et c’est bien entendu le cas ici. Peut-être de manière plus accentuée encore que dans ses précédents albums, à l’exception notable de Calma. C’est le cas en particulier de « Recaredo 1993 ». Le tempo y est très lent, « larghissimo » pourrait-on dire. Mais, même sans aller jusqu’à cet exemple, toutes les compositions sont sensuelles et alanguies.

L’album est un hymne à la nature, à la paix, à l’humanité. Là encore, c’est un leitmotiv chez Omar Sosa. « In The Forest », « Peace Keeping » ou encore « Zululand » témoignent de ce parti pris. L’album se clôt avec « Thiossane » une très belle composition où les différentes cordes s’imbriquent et s’enchevêtrent. Mais inutile de focaliser sur tel ou tel morceau puisque c’est l’ensemble de ce disque majestueux qui est ainsi fait.