Scènes

Piano vers le futur

George Burton en quintet au Koa Jazz festival


George Burton par Frank Bigotte

On connaît peu George Burton de ce côté-ci de l’Atlantique. Et pour cause : Montpellier était une des premières dates européennes de ce pianiste américain.

La balance, prestement envoyée en cette fin d’après-midi, se clôt par un lapidaire « OK thank you ». Dans la salle, ce passage éclair donne une drôle d’impression, peut-être même le sentiment que le concert allait être bâclé. Pourtant, quand le quintet prend place le soir sur scène et distille les premières notes, tout s’avère très bien équilibré, très bien dosé. Il faut se rendre à l’évidence : ces musiciens vont à l’essentiel. La contrepartie - et c’est fort heureux - est un concert exclusivement axé sur la musique.

George Burton par Frank Bigotte

Pas de chichi donc, pas de posture spectaculaire, pas d’extravagance non plus. Si la configuration est somme toute assez classique - un quintet piano, contrebasse, batterie, saxophone et trompette -, l’esthétique et le projet complètement inscrits dans une tradition jazz US, la musique est d’excellente facture. Le contrebassiste et le batteur, en l’occurrence Pablo Menares et Wayne Smith Jr., sont relégués à la rythmique. On aura beau tendre l’oreille, ce ne sont pas eux qui accrochent le spectateur.

George Burton est plus en avant. Outre quelques chorus, il « accompagne » les souffleurs tantôt dans la consonance tantôt dans un registre dissonant. Ce va-et-vient est d’ailleurs fort à propos et Burton donne l’impression - c’est évidemment bien plus qu’une impression - qu’il maîtrise mille facettes du jazz. On a souvent le sentiment qu’il envisage ses lignes harmoniques comme un chorus qui serpente avec ceux des souffleurs. Ce n’est peut-être pas incroyablement ingénieux puisqu’on croise ce type de jeu assez fréquemment mais c’est enthousiasmant à souhait.

Les deux soufflants (le trompettiste Jason Palmer et le saxophoniste Plume), tels des figures de proue, sont sur le devant de la scène. Physiquement bien sûr mais musicalement surtout. Quelquefois ils se succèdent pour des soli, quelquefois encore ils échangent d’innombrables et fulgurantes micro-phrases. Cette correspondance est pétulante et on perçoit combien les deux musiciens sont à l’aise dans ce type d’exercice. Plume nous dira d’ailleurs qu’il a longtemps joué avec Jason Palmer à Boston.

Le rappel est fait en trio, seulement a-t-on envie dire, car il est moins exaltant. Peut-être parce que sans les souffleurs, la formule est plus sèche ? La ballade s’apparente néanmoins à une douce promenade et le concert se termine ainsi sur une belle rêverie.