Chronique

Jussi Reijonen

Three Seconds / Kolme Toista

Jussi Reijonen (g, oud), Jason Palmer (tp, bugle), Bulut Gülen (tb), Layth Sidiq (vln), Naseem Alatrash (cello), Utar Artun (p), Kyle Miles (elb), Keita Ogawa (perc), Vancil Cooper (dm)

Label / Distribution : Challenge Records

Après un premier album en leader en 2013, le guitariste globe-trotteur finnois Jussi Reijonen a, comme beaucoup de musiciens, profité de la période pandémique pour poser ses valises et rentrer dans une phase d’introspection créatrice.
Pour Three Seconds (Kolme Toista en finnois), il a fait le choix d’une formation très originale, pensée presque intégralement en doublons : deux cuivres, deux archets, deux percussions, deux instruments polyphoniques et une basse. La présence d’une grande majorité d’instruments non-tempérés (c’est à dire d’instruments dont les potentialités de notes vont au-delà de la division d’une octave en douze demi-tons) offre par ailleurs de nombreuses possibilités de très belles ambiances microtonales que le compositeur ne se prive pas d’exploiter.

La musique se développe sous la forme d’une suite de cinq mouvements. Le disque est court mais dense. Si l’écriture du guitariste se distingue par sa sophistication, elle évite tant l’écueil de la complexité gratuite et démonstrative que celui de la facilité mainstream. Elle prend le temps – signe de maturité - de se déployer sans aucune peur du silence.

Navigant entre la douceur des cuivres et les cordes orientalisantes, Reijonen parvient à exposer et marier ses multiples origines et influences avec cohérence et unité. S’il craignait, après son premier album, d’avoir perdu sa voix et même de n’en avoir jamais eu aucune, il nous prouve ici que ce n’est pas le cas. Sa musique, comme le lierre, se moque du temps qui passe et reste verte.