Chronique

Pierre Tranier Quartet Aparté

Structure minimale

Pierre Tranier (g), Geoffroy Tamisier (tp), Jean-Luc Ponthieux (b), Jacques Mahieux (dr)

Label / Distribution : Abeille Musique

Structure minimale est le premier disque du quartet Aparté et de son leader, le guitariste Pierre Tranier qui nous fait ici découvrir un univers qu’il a entièrement composé. Sa musique oscille légèrement autour d’un groove latent, coloré par quelques nuances de blues. Avec quelques « apartés » aux teintes abstraites (« Vibration aléatoire »), le style est moderne, dans le créneau jazz mainstream.

Sur sa guitare, Tranier est comme un élastique qui se tend et se détend au gré du jeu de ses musiciens. Sur le bien nommé « Inertie », il se rapproche du contrebassiste et finit par entraîner tout le groupe dans une cavalcade concise mais efficace. Son jeu impose une bonne cohésion. De plus, en jouant sur des rythmes ou des harmonies empruntées à la masse sonore, il apporte une dynamique très maîtrisée.

De cette Structure minimale, on retiendra bien évidemment le style épuré. Chaque note a son poids, chaque atmosphère est pesée. La volonté d’aller à l’essentiel se sent dans l’espace que se laissent les musiciens, en particulier lors des passages de chorus. Sans précipitation, ils entretiennent ainsi une respiration exceptionnelle.

La grande découverte de ce CD est le jeune et talentueux trompettiste Geoffroy Tamisier. Sur « Aparté » et « Mouvement contraire », il utilise des sonorités et des phrasés courts déjà présents chez Miles. Son jeu se caractérise par un son soutenu, homogène et pur comme sur « Inertie » ou « Contour ». Tranier l’a bien compris, Tamisier apporte beaucoup à sa musique. Aussi lui offre-t-il une place de co-leader et la collaboration est réussie. Tous deux évoluent de manière sereine, sans jamais s’étouffer mutuellement. Le jeu « élastique » de Tranier en tire bénéfice, en s’appuyant sur la dynamique de Tamisier. La structure rythmique, quant à elle, est vive et efficace dans le répondant, le drive et le son. Jacques Mahieux retient par ailleurs l’attention par son jeu dynamique sur « Conflit ». Le discours emphatique de Jacques Ponthieux s’ennrichit quand il revient aux riffs plus « roots », comme sur « Contour ».

Le quartet Aparté témoigne d’une approche collective et structurée des compositions de Pierre Tranier, autant dans l’exécution que dans le son d’ensemble. Cela fait de Structure minimale un album homogène, plein de rêverie et de poésie.