Chronique

Quartet No Logo

Off the Cuff

Nicolas Maïofiss (vl), Ivan Réchard (b), Loïc Réchard (g), Donald Kontomanou (d)

Label / Distribution : Autoproduction

L’introduction des instruments à cordes dans le jazz est une spécificité française, comme l’ont prouvé ces grands compositeurs et rassembleurs de personnalités importantes que sont Didier Levallet ou Denis Colin, pour ne citer qu’eux.

Parmi les instruments les plus mis en valeur, le violon, introduit il y a plusieurs décennies par Stéphane Grappelli, puis modernisé par Didier Lockwood. Si ces noms n’étonnent plus grand monde, les violonistes de jazz semblent aujourd’hui se renouveler en France. Parmi les plus méritants de la nouvelle scène, en pleine expansion Nicolas Maïofiss mène depuis près de quinze ans une carrière partagée entre l’Angleterre et la France - et entre jazz et musiques du monde. Son ouverture d’esprit n’est donc plus à démontrer. En 2003, il fonde avec le batteur Donald Kontomanou, le guitariste Loïc Réchard et le contrebassiste Ivan Réchard le quartet No Logo, qui laisse une grande place aux cordes et puise ses références aussi bien dans le lyrisme de Wayne Shorter ( « Four O’Zone », « 30 », « Immobile ») que dans la scène drum’n’bass anglaise. C’est l’originalité de ce projet, comme en témoignent particulièrement « Graffiti », « Safe and Sound » et « Tribalistic ».

Dans ses chorus improvisés - qui décollent tout en restant maîtrisés, pour aller toujours plus loin dans l’expression de son captivant propos - Maïofiss parvient à jeter des passerelles entre les genres musicaux. (Soulignons également la surprenante vélocité du violoniste.) Loïc Réchard apporte une touche rock en guise de complément à cet état d’esprit. Tout cela suscite chez l’auditeur une envie de tout comprendre de leur musique, de cette évolution interne qui retient particulièrement l’attention à l’écoute de « Roma », « Duffer » ou « Trocadéro ». Ces trois morceaux comportent par moments une part de mystère due aux harmonies et sonorités de la guitare et aux accents très électriques du violon. La preuve que sous les apparences d’une simplicité parfois proche du rock, certaines voies du jazz et de l’improvisation restent toujours pertinentes et audacieuces.

Certains morceaux (« Off the Cuff », « Four O’Zone ») rappellent l’esprit du trio historique Humair / Louiss / Ponty dans les années 60, jusqu’à l’arrivée de ce dernier dans l’orchestre de Franck Zappa. Pour grande majorité écrites par le violoniste, les compositions expédient l’auditeur dans un univers plein d’énergie et d’enthousiasme. La guitare évoque ici et là de francs accords de Rhodes, pour revenir à des lignes harmoniques apportant une touche fusion. Notons la rythmique pointilleuse de Kontomanou, sorte de drum-machine humaine qui n’hésite pas à renforcer le côté électro-jazz en intégrant des boucles très rapides.

Une musique résolument sans étiquette, ce qui fait toute la puissance du groupe.