Chronique

Tabasco

The Last Blues

Robin Nicaise (ts), Loïc Réchard (g, orgue), Léonardo Montana (p), Ivan Réchard (b), Louis « Bao » Lao (dms)

Label / Distribution : Le Petit Label

Emmené par Loïc et Ivan Réchard, Tabasco est un quintet dont la musique généreuse, entre hard bop, blues et funk, est de celles qui accrochent l’oreille immédiatement. Dès le titre d’ouverture, « Josh’s Groove », qui porte fort bien son nom, on est happé par son aspect dansant et la forte teneur mélodique des exposés comme des interventions solistes. La section rythmique est chaude, limpide et volubile, les claviers et guitare apportent du moelleux, le saxophone impose sa sonorité robuste.

Nulle révolution ici, mais on sait - et on apprécie - qu’elle n’a pas lieu tous les jours. Le groupe (initialement un quartet mais rejoint ici sur la quasi totalité du répertoire par l’excellent Leonardo Montana) reste solidement arrimé à ses fondamentaux et propose une série de compositions tout à fait convaincantes, entre thèmes accrocheurs et développements durant lesquels les musiciens montrent une belle capacité à livrer beaucoup d’énergie sans saturer l’espace.

Il y a là des titres axés sur la danse, comme « Tabasco » ou « Circus Blues », durant lequel Loïc Réchard se dédouble, à la fois guitariste expansif et organiste attaché aux sons et rythmes hérités de la funk des premières heures. Il y a ces blues, propices aux solos. Mais les titres qui émergent de l’album sont précisément ceux dont l’écriture est moins référencée, donc plus personnelle. On pense bien sûr au magnifique « Fez », un morceau calme porté par un thème en forme d’invitation au voyage et sur lequel les musiciens s’appuient pour proposer de belles circonvolutions, ou encore à « Sept assez », dont la rythmique obsédante et minimaliste ouvre le champ expressif collectif.

Le disque aurait probablement gagné à être plus centré sur ce type de propositions. Car si l’ensemble est enthousiasmant, on peut accrocher quelque peu sur des formules conventionnelles, ou sur la reprise de « Summertime » qui, pour agréable qu’elle soit, ne se hisse pas à la hauteur des compositions maison. Ces quelques remarques s’appliquent au fond et non à la forme, car on retient surtout de The Last Blues, qui a justement trouvé sa place sur le catalogue Kraft du Petit Label, un réel plaisir d’écoute, qui ne semble pas s’estomper avec le temps.