Familier des collaborations entre musique orientale et occidentale, Rabih Abou-Khalil converse cette fois-ci avec un orchestre entier, qui plus est exclusivement composé de jeunes gens entre 14 et 19 ans, le German Youth Orchestra, dirigé par Frank Strobel, à l’occasion d’une commande de la télévision allemande et du Musée du Film de Munich : la musique de Trouble in Jerusalem a été conçue pour accompagner le film muet Nathan le Sage (réalisé en 1922 par Manfred Noa). Adapté d’une pièce de théâtre écrite par Lessing en 1779, le film prône la tolérance religieuse à travers le croisement des trois grandes religions monothéistes à Jérusalem au temps des Croisades.
Entouré de deux musiciens qu’il connaît bien, Michel Godard au tuba et Jarrod Cagwin à la batterie, Rabih Abou-Khalil réussit à composer une musique qui, bien que clairement identifiable comme bande-son, forme un tout dissociable de sa fonction d’accompagnement et embarque l’auditeur au gré de ses humeurs : ode à la paix, joie, danse, lamentation, apparition, bouleversement… Libre à chacun de se faire son propre film. Il est d’ailleurs assez amusant de se laisser balader dans l’imaginaire expressionniste du cinéma du début du XXè siècle, d’autant plus que le dialogue entre l’orchestre occidental et les compositions orientales fonctionne à merveille.