Chronique

Edward Perraud & Jean-Pierre Drouet / Erdmann 3000

√2 Live In Berlin

Edward Perraud (dms), Jean-Pierre Drouet (dms) / Daniel Erdmann (ts), Frank Möbus (g), Johannes Fink (b), John Schröder (dms).

Label / Distribution : Quark

On avait laissé passer deux disques parus sur le label Quark en 2010, voici l’erreur réparée.

Sur le premier, les batteurs Jean-Pierre Drouet et Edward Perraud se rencontrent en duo chez France Musique, dans l’émission d’Anne Montaron À l’improviste, le 4 avril 2009. Le concert est baptisé √2 , comme si la musique ne pouvait être nommée par autre chose qu’un signe non référentiel et qui, de plus, tend vers un centre abstrait. Les peaux frottées et les aplats électroniques de Perraud répondent aux cliquetis de Drouet : tous deux grands improvisateurs, c’est leur présence scénique qui emporte l’auditeur. Sur disque, on reste un peu sur sa faim — comme souvent lorsqu’il s’agit d’improvisation.

Le second album est aussi un concert, enregistré au A-Trane, club de jazz berlinois chic, alter ego du Duc des Lombards, à la programmation souvent réservée. On est étonné d’y trouver Daniel Erdmann, qui fait en ce moment des merveilles aux côtés de Vincent Courtois et Robin Fincker dans The Mediums, et que l’on a vu en France dans Das Kapital avec Edward Perraud et Hasse Poulsen, aux côtés d’André Zé Jam Afane dans Bulu-Fulassi, ou dans l’excellent Big Pop. Il serait temps que son propre groupe conquière notre pays un peu plus substantiellemet (juste un passage éclair à Banlieues Bleues en 2007, avec Yves Robert en invité) : Erdmann 3000 a quelque chose d’un Louis Sclavis, mais au ténor. Daniel Erdmann chante par dessus une guitare (Frank Möbus) mélodique et électrique, tandis que la basse et la batterie (Johannes Fink et John Schröder) naviguent quelque part entre le rock et le free - mélange dont la circulation interne rappelle par moments des groupes de la famille Coax comme Radiation 10 ou Q). Résultat, des chansons énervées mais excitantes, construites et déconstruites à l’aide de toutes sortes de matériaux sonores, dont l’enchaînement nous éblouit — attention au trop-plein d’informations tout de même — et qu’on a hâte de voir sur scène.