Chronique

Selmer #607

Selmer #607 invite Stochelo Rosenberg

Noé Reinhardt (g), Adrien Moignard (g), Richard Manetti (g), Sébastien Giniaux (g), Benoît Convert (g), Stochelo Rosenberg (g), Costel Nitescu (vln), David Enhco (bgl), Jérôme Regard (b), Nicolas Blampain (g), Pounky Ferret (g), Joris Visquenel (g), Pierre Manetti (g), Guillaume Singer (vln), Jérémie Arranger (b), David Gastine (g), Ghali Hadefi (g)

Label / Distribution : Cristal Records

Moins d’un an après le premier volume, la jeune génération du jazz manouche remet le couvert avec un second, tout aussi intéressant. On retrouve quatre des cinq solistes, en l’occurrence Noé Reinhardt, Adrien Moignard, Richard Manetti et Sébastien Giniaux. Le cinquième est ici Benoît Convert, déjà présent invité sur le précédent disque.

Tous ces virtuoses enchaînent les morceaux sur la même guitare, la Selmer #607 fabriquée en 1946, copie conforme du modèle 503 que possédait Django. Le répertoire choisi est éclectique et donc surprenant pour un instrument dont la sonorité reste en priorité attachée au style manouche. Ici, on entend le célèbre « Tutu » de Miles Davis composé par Marcus Miller, un arrangement très original de « Spain » de Chick Corea, « Le Cimetière des éléphants » d’Eddy Mitchell, ou encore « Too Young To Die » de Jamiroquai et le 2ème mouvement du Concerto en sol de Ravel.

C’est l’avantage de cet album, où chacun a eu le choix : tous les intervenants n’étant pas issus du monde manouche, ils ont donc un parcours et des influences musicales variées qui expliquent cette liste de titres en forme d’inventaire à la Prévert. Car si la facette la plus manouche de l’intrument est assurée par Stochelo Rosenberg sur « Tears » (signé de Django lui-même) et sur « Embraceable You », les autres morceaux - dont ceux cités plus haut - sont l’occasion d’impressionnantes improvisations où se mêlent parfois groove, funk et - bien sûr - swing, sans oublier l’indispensable sensibilité et la finesse de toucher nécessaires à l’interprétation réussie des quelques ballades bienvenues entre deux chevauchées de manche au triple galop.

La prise de son est irréprochable, avec un enregistrement de la guitare effectué d’assez près, tout en laissant percevoir l’immense volume sonore que dégage cet instrument. La Selmer #607 fait alors penser à un acteur brillant que l’on a toujours vu jouer dans le même registre et dont le talent prend toute sa dimension lorsqu’il se hasarde dans un rôle inattendu, sous la direction d’un génial metteur en scène.

A noter l’édition d’une version collector de cet album, avec un second disque comprenant cinq titres de plus et quarante minutes de vidéo présentant des portraits des cinq solistes ainsi qu’un documentaire sur l’origine et la réalisation du concept de Selmer #607.