Chronique

Adrien Moignard Diego Imbert

Django’s Songs

Adrien Moignard (g), Diego Imbert (cb)

Label / Distribution : Label Ouest

La fascination qu’exerce Django Reinhardt sur les générations successives ne s’éteint pas, ce n’est que justice rendue à ce musicien incomparable qui est l’égal d’un Niccolò Paganini ou d’un Art Tatum dans l’histoire de la musique. Le swing habitait Django comme personne et il surpassa toutes les difficultés qui auraient eu raison d’autres que lui, sa grave blessure à la main gauche révélant quelle volonté exemplaire l’habitait. Il étendit son art avec encore plus d’ardeur et d’inventivité. Sur la fin de sa vie, son jeu guitaristique a survolé les conceptions les plus avancées du jazz comme le bebop, son anticipation de la musique modale démontrant combien il fut un précurseur génial.

Lorsque deux musiciens se frottent à un tel héritage, il faut une profonde compréhension de l’univers de Django pour que le résultat soit à la hauteur. Adrien Moignard est avant tout un amoureux de la musique manouche ; son expérience aux côtés de Stochelo Rosenberg, Noé Reinhardt, Rocky Gresset, Richard Manetti ou Sébastien Giniaux en atteste. Son disque Between Clouds, en trio avec Jérôme Regard et Xavier Sanchez, est révélateur d’une inspiration élégante. Diego Imbert a promené sa contrebasse avec les grands noms du jazz mondial ; sa familiarité avec l’univers de Django s’est manifestée dans l’hommage à Stéphane Grappelli mené par Didier Lockwood, dans ses aventures partagées avec Bireli Lagrène ainsi que dans le projet du réalisateur Tony Gatlif, Django drom. Avec ce duo expérimenté, nous assistons à une plongée dans la mémoire de la culture tzigane et de son glorieux représentant.

Les douze compositions issues de diverses époques de la vie de Django sont pertinentes et délivrent un hommage à la fois fidèle et contemporain. La virtuosité d’Adrien Moignard se conjugue à la précision rythmique de Diego Imbert ; leur entente est imparable. De « Tears », majestueux et introspectif, à « Anouman », harmoniquement parfait, autant de relectures vivifiantes. « Manoir de mes rêves » enchante avec ses notes empreintes de l’essentiel ; « Douce ambiance » déploie un contrepoint qui souligne la complicité des deux musiciens et le grand classique « Nuages » offre une conclusion exquise à l’album.

Django’s songs est un album qui mérite de trouver une large audience ; sa musique empreinte de fraîcheur est un vibrant hommage à la vigueur extraordinaire de Django Reinhardt.