Chronique

Simon Bolzinger

Ritmos Queridos

Simon Bolzinger (p), Willy Quiko (b), Luca Scalambrino (dm)

Label / Distribution : L’Assos Picante

Marseille créole : Simon Bolzinger en est convaincu. Pianiste émérite de la cité phocéenne, dans laquelle il mène depuis des années son « Assos’ Picante » dans des sessions « Tambor y Canto » enfiévrées, véritables académies musicales bolivariennes, il n’oubliera jamais son séjour de jeunesse au Venezuela - il devait y passer deux mois, il y est resté deux ans.
Avec une modestie non feinte, il convoque ici des perles des répertoires sud-américains en les agrémentant d’un soupçon de swing - point trop n’en faut pour ces esthétiques naturellement syncopées. Ajoutez à cela une pointe d’humour, une sorte de préciosité malicieuse à jouer avec les codes de la tradition latine, et vous vous retrouvez à onduler du bassin sans même vous en apercevoir.

La grosse caisse façon « bombo » de Lucas Scalambrino est d’une sensualité sans pareille sur une zamba argentine (« La Pomena »). Le jeune maître de la contrebasse Willy Quiko développe une sensibilité à l’archet qui rappelle toute la dignité de ces musiques populaires issues de peuples longtemps colonisés. « Dindi », saucisson bossa, est ici déstandardisé et retrouve des atours d’un manifeste latin-jazz par le lyrisme de son solo, tout gorgé de blues fût-il. Quand il se saisit d’une basse électrique sur un candombe uruguayen, sur lequel Bolzinger balance des vamps trempées dans une clave impitoyable, le feu s’empare du corps et de l’esprit.

On se délecte aussi d’un bain de jouvence avec le titre cubain « Danzón para Oxum » : l’orisha (« déesse ») des sirènes semble posséder le pianiste qui déroule des phrases coulant des sources les plus claires. Ces « rythmes chéris » procurent de douces sensations contrastées, à même de ravir plus d’un.e auditeur.trice.