Chronique

Christian Brazier Quartet

Septième Vague

Christian Brazier (b), Perrine Mansuy (p), Christophe Leloil (tp), Dylan Kent (d)

Label / Distribution : ACM Jazz Label

Le contrebassiste provençal est de retour avec du désir dans les voiles. Cet ancien marin sait que la septième vague d’une série est la plus belle et la plus libre. Aussi pour la prendre a-t-il constitué un équipage des plus convaincants, s’assurant les services du batteur d’origine australienne Dylan Kent et des « marseillais » Perrine Mansuy (piano) et Christophe Leloil (trompette). Et que vogue ce septième album.
Liberté baudelairienne de la mer (« Homme libre, toujours tu chériras la mer ») et irruption d’images d’horizons lointains se conjuguent dans une brise de jazz forcissant vers la tempête (paradoxalement plus, selon nous, sur les ballades). Signant toutes les compositions, Christian Brazier se mue en doux capitaine, faisant feuler les cordes de sa contrebasse comme des bouts bordant les voiles, parfois les faisant claquer comme des haubans sous le vent. On navigue d’abord en Méditerranée avec les douces arabesques de piano, pouvant forcir comme du mistral lorsque le jeu de Perrine Mansuy se fait plus percussif, pour approcher des cieux atlantiques grâce aux mélismes bluesy de la trompette (Leloil fait plus que jamais preuve de son extrême plaisir à alterner les registres les plus divers de son instrument), alors que la batterie tient le cap d’un exotisme onirique.
En outre, la référence cinématographique au rejet des artifices que prônaient les tenants de la Nouvelle Vague affleure tout au long de ce disque : refus de l’héroïsation, sens du dialogue - voire du débat - entre des musiciens-acteurs, récits elliptiques dans les thèmes jusque dans les solos, quête d’un swing des plus naturels enrichie par une prise de son confinant à l’austérité (mention spéciale à Gérard de Haro et à son assistant Romain Castera du Studio de la Buissonne à Pernes-Les-Fontaines). Une superbe marine contemporaine, comme une toile de haute mer, certes, mais surtout un très beau disque de jazz où l’individuel et le collectif se fondent dans les notes bleues.