Scènes

Stage NOLA – 16 octobre 2012, deuxième jour

Réveil en deux temps pour notre petite équipe. Certains, dont je fais partie, se lèvent tôt. Jet lag, pas vraiment le cœur à dormir. D’autres se sont couchés aux aurores (après la fermeture des clubs), donc le réveil est plus difficile pour eux !


Réveil en deux temps pour notre petite équipe. Certains, dont je fais partie, se lèvent tôt. Jet lag, pas vraiment le cœur à dormir. D’autres se sont couchés aux aurores (après la fermeture des clubs), donc le réveil est plus difficile pour eux !

Il fait un temps magnifique. Une petite brise nous fait prendre conscience de la situation géographique exceptionnelle de New Orleans. La ville est bordée par son fleuve, le Mississipi (on appelle d’ailleurs cette ville « la ville croissant » eu égard à la forme que prend ici le fleuve. Cela me rappelle Bordeaux et son Port de la Lune…), mais aussi par le lac Pontchartrain et bien sûr le Golfe du Mexique. Soit un environnement qui apporte toujours de l’air et évite généralement les effets de canicule.

Au petit déjeuner, nous retrouvons Raphaël et Jérôme occupés à discuter de l’organisation des workshops. Le planning a été booké un peu à la dernière minute, car il est toujours difficile de programmer la présence de tel ou tel musicien à New Orleans sur une période déterminée. Ils ont donc dû faire avec ceux qui sont présents actuellement. Par chance, certains « gros » groupes internationaux de New Orleans, tels le Dirty Dozen Brass Band, sont là, et certains musiciens emblématiques de la ville (Kirk Joseph ou encore Terence Higgins, qui tourne actuellement avec John Scofield) pourront donc venir nous donner un cours.

On se retrouve vers midi au Chickie Wah Wah, le club sur Canal Street qui nous accueille pour les workshops. C’est vraiment un endroit charmant, qui véhicule tous les clichés américains. On sent qu’ici la musique se vit live, et la grosse sono qui surplombe la scène rappelle que nous sommes loin de la culture européenne des limiteurs de décibels… Après deux énormes pizzas (je commence à me dire que ce n’est pas ici qu’on va perdre du poids) préparées par le cuistot de l’endroit, on accueille Seva Venet, le premier intervenant du stage. Seva est un musicien blanc, principalement banjoïste. D’ailleurs son banjo n’est pas vraiment traditionnel puisqu’il a six cordes accordées comme une guitare. Durant la plus grande partie du cours, il l’aura avec lui, en bandoulière, la main droite visiblement douée d’un feeling très recherché ici.

Seva joue principalement du jazz traditionnel. En quelques mots, il récapitule l’histoire de la musique à New Orleans. Très clair, mais aussi très précis, on apprend de nombreuses choses avec lui. J’aurais envie de tout raconter ici, mais je sais que le temps va me manquer. Il nous rappelle en tout cas la simplicité de cette musique, créée pour tout le monde, et également très démocratique dans son mode de jeu. Il nous dit en aparté regretter la sophistication actuelle du jazz, qui selon lui éloigne cette musique du rapport à la danse et au chant. Vaste et éternel débat.

Finalement, Seva nous apprendra quelques chansons traditionnelles, très simples mais très représentatives des fondements du style New Orleans. Il y a ce titre de Paul Barbarin, « Second Lie », qui dit « When you hear that beat, New Orleans you see… », le gospel « I’ll Fly Away », le Wolverine Blues de Jelly Roll Morton… et puis aussi un blues tout simple de 8 mesures, pas banal, qui dit que le blues archi-classique de 12 mesures a connu quelques ancêtres, lui aussi. Je vous donne d’ailleurs la structure harmonique de ce blues : IV IV I I V V I V (chaque cellule dure une mesure). Etonnant non ?

Ce qui est très intéressant dans l’approche de Seva Venet, c’est la méthode d’apprentissage. Je vois ça en 4 temps : appréhender la structure harmonique du morceau, apprendre la mélodie et les paroles (ne pas oublier le texte et son sens), jouer la mélodie, et in fine jouer le morceau. Cela nous rapproche de la transmission orale qui a vu naître le blues, le gospel etc.

Vers 16h, Seva nous quitte. Il a un gig à 3h de route. Il doit y jouer une petite demi-heure, et nous dit avec humour qu’il est peut-être finalement payé pour conduire… Il nous promet de venir nous voir jouer cette semaine. Il reviendra aussi nous donner une liste de disques qui lui paraissent incontournables. Cool !

Et ce soir ? Le programme détaillé des concerts, trouvé dans Offbeat, nous oriente peut-être vers un concert du Rebirth Brass Band au Maple Leaf. Affaire à suivre !

Stay tuned !